Nous n’avons pas trop peu de temps, mais nous en perdons beaucoup. La vie est assez longue, elle suffirait, et au-delà, à l’accomplissement des plus grandes entreprises, si tous les moments en étaient bien employés. Mais quand elle s’est écoulée dans les plaisirs et l’indolence, sans que rien d’utile en ait marqué l’emploi, le dernier, l’inévitable moment vient enfin nous presser : et cette vie que nous n’avions pas vue marcher, nous sentons qu’elle est passée. (p. 2, Ligne 3, Chapitre 1).
Au travers de son expérience, Sénèque cherche comment prolonger la vie humaine en la débarrassant des mille futilités qui l’encombrent sans lui apporter de richesse supplémentaire. Il nous aide ainsi à évaluer ce qu’est une vie vraiment vécue. Cet écrit est une lettre écrite à son ami Paulinus, dans laquelle il développe ses réflexions sur ce qui, aux yeux de beaucoup, est vécu comme une sorte d’injustice ou de déception : que la vie soit trop courte. Loin s’en faut, proclame le grand philosophe. La vie est, au contraire, a priori plutôt généreuse. Seule l’attitude des individus peut conduire à ce que leur vie leur paraisse passer plus vite qu’il ne l’est…
Ainsi, si nous n’étions pas si occupées à courir après des ambitions sociales un peu vaines ou une oisiveté souvent critiquable, ou encore une avarice insatiable, si l’on ne dépensait pas inutilement son temps au service d’autres sans que cela soit toujours bien nécessaire et dans une sorte de « servitude volontaire », on tirerait bien plus avantage de ce que la vie nous offre, goûtant chaque instant comme s’il était le dernier ou le premier… babelio.com