A travers une émission quotidienne, des plages musicales, et des programmes récurrents, So good Radio veut poursuivre sa mission : raconter les grands enjeux de nos sociétés, raconter ceux qui sont en train de nous faire avancer, même juste un peu, vers le mieux. En live, en replay et sur les plateformes de streaming audio, So good Radio sélectionnera aussi dans sa grille et sur son site une recommandation de podcasts déjà existants pour enrichir sa culture G(ood).
Pour célébrer cette nouvelle venue, Faisez Tous Comme Moi, l’émission quotidienne de So good Radio (Avec Ulule et So Press), se mettra en édition spéciale le 6 mai avec 6 heures de direct, de 18 heures à minuit qui se clôturera avec un DJ set de Fakear. Le temps d’une marée, cette émission racontera celles et ceux qui font voguer le monde dans le bon sens, qui donnent des idées, plein ou juste un peu, aux autres.
Deux doublettes d’invité.es se succéderont toutes les demi-heures pour aborder nos interrogations du moment. Faut-il être engagé.e pour agir ou agir pour être engagé.e ? Quelles nouvelles alliances inventer pour créer de nouvelles dynamiques ? Et avec quels récits ?
Ils.elles seront présent.es pour ce lancement: François Hollande, Camille Etienne, Elise Goldfarb, Julia Layani, Tony Estanguet, Sarah Ourahmoune, Pascal Demurger, Eva Sadoun, Lucie Lucas, Steve Tientcheu, Magali Payen… et plein d’autres invité.es. Retrouvez le line up complet sur sogoodradio.fr
La Nouvelle Équipe Française créée par Lucie Faure, Edgar Faure et Robert Aron a décidé de paraître à nouveau (2 octobre 2021, aux éditions Ramsay). De reprendre la place qui avait toujours été la sienne, pendant un plus d’un demi-siècle, celle d’une revue qui se trouvait au carrefour des idéologies, de la réflexion politique, économique, sociétale, artistique et politique, sous la plume des auteurs les plus prestigieux, chacun dans leur discipline. . Née en 1943 lors d’une autre guerre, au « sens propre » du mot non encore détourné de son sens.
Cette revue regroupant ce que la « France a d’éternel » publia, en effet, son premier numéro au lendemain de la seconde guerre mondiale. De Paul Éluard à Pierre Mendès France en comptant des personnalités comme Paul Valéry, tous les grands noms de la littérature de la pensée, de l’art et de ce qui incarnait l’identité française du 20e siècle ont permis à cette équipe et à cette tribune de traverser les siècles, créant un cénacle de réflexion qui ne ressemblait à aucun autre.
La Nouvelle Équipe Française connue sous son acronyme « La NEF » compte déjà parmi ses rangs des personnalités de gauche comme de droite (de Marseille À Lyon en passant par Paris) telles que Ségolène Royal, André Santini, Agnès Verdier-Molinié, George Pau Langevin, Elie Chouraki, Philippe Bilger, Rachel Khan, Marc Levy, Jacques Séguéla, Najat Vallaud Belkacem, Alain Juillet, Luc Alphand, François Heilbronn, Anne-Marie Mitterrand, Jacques Pessis, pour n’en citer que quelques-uns.
A compter du 5 mai 2021, Brune Poirson rejoindra Accor en qualité de Directrice du Développement Durable. Brune Poirson sera directement rattachée à Sébastien Bazin, Président- directeur général et devient membre du Comité Exécutif. Elle aura pour mission de définir, d’animer et de suivre les engagements, la stratégie et le déploiement des plans d’action du Groupe en matière de développement durable. Elle aura également sous sa responsabilité la Fondation Accor Solidarity et le ALL Heartists Fund.
Sébastien Bazin, Président-directeur Général Accor déclare : « Depuis plus de 25 ans maintenant, Accor a été en pointe pour relever les défis écologiques et humains que soulèvent le développement du tourisme et des voyages. Avec l’arrivée de Brune Poirson, je souhaite que nous puissions amplifier nos engagements en matière de préservation de l’environnement, donner un nouvel élan à nos actions en faveur des communautés au sein desquelles nous exerçons nos activités et porter haut, partout où nous sommes présents, la force de nos convictions et de nos actions. Agir positivement pour l’environnement et en faveur des femmes et des hommes qui au quotidien font rayonner notre industrie n’est pas une option. Dans ce domaine aussi, je souhaite que nous soyons exemplaires, audacieux et pionnier. »
Brune Poirson, Directrice du Développement Durable Accor commente :« Je suis très heureuse de rejoindre l’un des leaders mondiaux de l’hospitalité et de pouvoir ainsi mettre mon expérience et mes convictions au service de l’action. Au travers de plus de 5100 hôtels dans le monde, de centaines de propriétaires et de partenaires, plusieurs centaines de millions de clients et grâce à des équipes expérimentées sur le terrain, nous avons la formidable chance d’agir, au quotidien, de manière concrète et forte. Dans ces nouvelles fonctions, je souhaite contribuer à poursuivre l’ambition de Accor depuis sa création : faire vivre une hospitalité positive, moderne et responsable ».
Depuis trois ans, Fabien Azoulay, Français juif et gay de 43 ans, subit des sévices dans les prisons turques. Il a été condamné à 16 ans et 8 mois de prison pour avoir acheté du GBL sur un site Internet depuis Istanbul. Fabien, incarcéré depuis le 16 septembre 2017, a été victime de violences aggravées commises par un codétenu, qui lui a infligé des brulures en raison de son homosexualité et de son appartenance à la religion juive.
Pour contacter le comité de soutien: Sophie WIESENFELD, Dr en droit, fondatrice du Think Tank Hexagon Society, Responsable du comité de soutien de F.AZOULAY : swiesenfeld@hotmail.com
Tu fais quoi dans la vie ? Tu veux faire quoi de ta vie ? Raconte moi ta vie :
Une vie de merde ? Une belle vie ? Une vie utile ? Une vie pleine ? Une vie de rencontres ? Une vie morne ? Une vie tranquille ? Une vie de bonds et de rebonds ? Une vie de souffrances ? Une vie dans l’ombre ? Une vie dans la lumière ? Une vie de luxe ? Une vie modeste ? Une vie de réussites ? Une vie d’échecs ? Une vie pour soi ? Une vie pour les autres ? Une vie pour les Dieux ? Une vie de réflexion ? Une vie d’action ? Une vie d’amouUne vie d’amour ? Une vie de sacrifices ? Une vie trop courte ? Une vie très longue ? Une vie d’attentes ? Une vie d’opportunités ? Une vie de rires ? Une vie de larmes ? Une vie d’espérances ? Une vie de combats ? Une vie de renoncements ? Une vie dure ? Une vie simple ? Du premier souffle, jusqu’au dernier, nous sommes la somme de toutes ces vies, pour nous mêmes et pour les autres. Choisir la vie, c’est peut-être le seul vrai choix qui nous incombe.
Parce que l’inspiration est l’essence même du métier de Zmirov, ils donnent la parole à des personnalités inspirantes d’horizons multiples comme ceux de la mode, de la beauté, du sport ou encore de la culture… Ils reviennent sur leur parcours pour comprendre ce qui stimule leur créativité et qu’ils racontent à leur tour ce qui les inspire. Pour ce 1er épisode le premier invité est Thomas Lélu, slasher invétéré à l’esprit critique qui aime confronter les univers. Une personnalité bien dans son temps qui nous faire rire autant qu’il nous interroge sur notre société. C’est au micro de Caroline Hamelle que cet artiste multi-casquettes confie ses inspirations d’hier à aujourd’hui, et notamment celles qui nourrissent son compte Instagram au quotidien. https://www.zmirov.com/podcast/
Démarré sur une chaîne YouTube en 2015, BEATS & POLITICS revient pour une deuxième saison, dédié à la philosophie, sous la forme d’un podcast audio. Reprenant le format d’une série, un nouvel épisode (entre 3 et 5 minutes) sera disponible chaque semaine (tous les jeudis) sur toutes les plateformes de podcasting ainsi que sur la chaine YouTube : www.YouTube.com/beatspolitics
Chaque épisode est une création musicale originale du producteur indépendant Usmar. Un orateur est mis en musique (BEATS) pour sublimer sa pensée (POLITICS) et on retrouve toujours une illustration du graphiste Kylab.
Beats & Politics explore et fait découvrir la pensée d’intellectuels francophones (philosophes, écrivain.e.s, économistes, sociologues). Des paroles recueillies dans des émissions de radio ou de télévision, qui sont découpées, répétées, condensées pour dégager l’essence du discours.
L’intention est de faire découvrir des concepts philosophiques d’une manière différente, accessible à tous, par le prisme de la musique et du graphisme. La musique est actuelle, entre hip-hop et electronica, pour attirer les plus jeunes, pour les amener à s’intéresser à la pensée d’une personnalité qui interroge notre époque, notre capacité à vivre ensemble.
Jours de Gloire est un œuvre musicale, positive et fédératrice, autour de laquelle tous les français, quels que soient leur parcours et leurs origines peuvent se reconnaître et se retrouver. Sébastien Boudria, compositeur et professeur de musique au conservatoire, a passé 6 ans à rassembler 19 personnalités françaises (Oxmo Puccino, François Berléand, Camélia Jordana, Jane Birkin, Reda Kateb, Akhenaton ou encore Sophie Marceau…) autour de textes fondateurs de la République, de 1789 à nos jours, qui aujourd’hui plus que jamais sont importants à relire et réécouter. Les scolaires et étudiants pourront aussi retrouver le projet sur la plateforme Lumni.
Jours de Gloire est un livre-disque. Il réunit les voix de 19 personnalités françaises et redonne vie à une sélection de textes historiques, de Victor Hugo à Joséphine Baker en passant par Albert Camus ou encore Victor Schoelcher. Les textes choisis ont tous pour caractère commun d’illustrer les valeurs de la République.
Jours de Gloire - Bande Annonce
Le projet se veut une œuvre positive et fédératrice autour de laquelle tous les français, quels que soient leurs parcours et leurs origines, peuvent se reconnaître et se retrouver. Jours de Gloire est d’actualité, plus que jamais. http://www.joursdegloire.fr
D’un côté, les images nous montrent des humains en france, en 2020, en train de vider avec une certaine violence les rayons essentiels des hypermarchés, de papier toilette et autres pâtes https://www.facebook.com/100032335544063/posts/352342552520260/? Et de l’autre, nous avons, juste en dessous les commentateurs, qui usent de la même violence pour fustiger ces comportements qui manifestement les heurtent… mais meuf, mec ou indéterminé.e à quel moment tu réalises que ton avis de connard.e de facho déguisé.e en naturophile arty, on s’en branle ?
… en toute objectivité, quelle différence ? Les uns vident, les autres remplissent mais c’est le même mécanisme qui fait agir. De même pour nos fameuses librairies, ouvrez-les et vous verrez, ou plutôt vous ne verrez pas de différences, peut-être une légère évolution les premiers jours, mais si le livre souhaité n’est pas disponible, que fera le consomacteur ? Il commandera sur Amazon et l’aura en 24:00 avec prime, qui lui permettra en outre de regarder des séries et des films et d’écouter de la musique, parce que bizarrement il ne milite pas pour la réouverture des disquaires et des videoclubs… Toujours dans le but de démontrer qu’au fond on est bien tous les mêmes, nous avons ceux qui s’interrogent et font des conjectures sur les émissions télévisées, bien évidemment toujours agrémenté des commentaires de celles et ceux qui savent et de l’autre nous avons les prétendus hors normes : font des activités artistiques, new âge, du sport en milieu naturel, du yoga, mangent sainement, écoutent de la bonne musique, regardent des bons reportages, de bons films, mais n’ont pas la télé, pratiquent les aphorismes et les citations, préfèrent le van à la voiture, se plaignent du monde et de leurs habitants, achètent des fringues de 2eme main, mais que des marques fabriquées au bengladesh ou autre pays qui exploite les enfants. Admettons mais c’est quand même mieux pour la planète, comme de boire à la gourde … c’est marrant, mais pour ma part, j’ai jamais vu autant de marginaux … c’est peut-être que ce n’est pas vraiment original tout ça en fait ?
Moralité, il n’y en a pas, nous restons victimes de nos illusions, persuadés d’être différents alors que nous n’avons jamais été aussi semblables. Des clones sans âme, sans sentiments, sans compassion. Des enveloppes vides de sens et surtout d’amour…
À l’occasion de l’élection américaine du 3 novembre, Society traverse de part en part des États-Unis déchirés et nous raconte ces fractures à travers reportages, portraits et entretiens. Un numéro collector de 100 pages, une couverture conceptuelle et un vrai objet à conserver en témoignage d’une époque troublée.
Portland of violence : À Portland, un militant Black Lives Matter a tué un suprémaciste blanc, avant d’être lui-même abattu par la police. Portraits croisés
Le diable probablement : Les délirantes théories du mouvement QAnon sont-ils un symptôme de notre époque ? Pas vraiment. Dans les années 80, une “panique satanique” avait déjà traversé le pays, y laissant une empreinte profonde.
Les frigos chaleureux : L’épidémie de Covid-19 a plongé des centaines de milliers d’Américains dans la pauvreté. Alors à Los Angeles, des habitants ont installé des frigos dans la rue, et des gens sont venus se servir. Lueur d’espoir en Amérique ?
Kamala Harris : Avant d’être candidate à la vice-présidence de Joe Biden, Kamala Harris a été procureure en Californie, où elle était dure, très dure, et notamment avec les jeunes hommes noirs. Certains l’accusent aujourd’hui d’avoir fermé les yeux sur certaines enquêtes bâclées et participé à des erreurs judiciaires. Au point de ne pas voter pour elle ?
Simone Biles Engagée contre le racisme et les abus sexuels dans le sport, la plus grande star de la gym depuis Nadia Comaneci se prépare pour les JO de Tokyo.Portrait d’une idole.
INTERVIEW… John Bolton Conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump pendant 17 mois, “le faucon” est plus que sévère avec la politique étrangère du président.
PORTRAITS… Ocean Vuong, Chanel Rion, Varshini Prakash… Vous l’aurez lu ici avant tout le monde, ces personnes vont faire l’Amérique de demain.
INTERVIEW… Alex Marzano-Lesnevich Son livre, L’Empreinte, revient sur le parcours d’un pédophile récidiviste, mais pas seulement. L’écrivaine évoque la peine de mort,son histoire personnelle et le Sud sauvage.
100 BONNES RAISONS…d’attendre les résultats.
Society 142, en kiosque ce jeudi 29 octobre. https://www.society-magazine.fr
Jordan Brand représente la communauté noire tout entière. L’égalité des chances et de la justice est notre combat. Tant que ce combat sera nécessaire, notre engagement sera suivi d’actions plus fortes que les mots, de rêves plus forts que la destinée et d’une communauté plus forte que tout.
OUR COMMITMENT TO ACTION | AIR JORDAN
CLASSE WINGS DE 2024
L’un des principes fondamentaux de la marque est de renforcer la communauté en investissant pour les jeunes. Les parents de Michael Jordan lui ont appris l’importance de l’éducation, et nos programmes Jordan Wings offrent l’accès à des opportunités qui contribuent à rendre les règles du jeu plus équitables pour les jeunes du monde entier.
Des parcs de Chicago aux rues de Pékin, des terrains de New York aux lycées de Paris, la communauté Jumpman se révèle et entre en scène chaque jour pour changer la donne. En 2016, nous avons renouvelé notre soutien à ces jeunes avec un objectif unique : éliminer les obstacles qui les retiennent et les aider à prendre leur envol.
» Courbe la tête, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré. » Rémi (vers 437-vers 533), à Clovis, 25 décembre 496. » Rien n’est permanent, sauf le changement » Héraclite d’Ephèse,Frida Kahlo » Rien n’est absolu, tout est changement, tout est mouvement, tout est révolution, tout s’envole et s’en va » et pourtant malgré ce consensus autour de la fugacité du temps, notre société française semble se complaire dans l’immutabilité de l’avoir avant l’être, du tout tout de suite, de l’hypocrisie, de la fausse générosité, de la bien-pensance, de l’asservissement policé … Des coups de com° en pagaille, des applaudissements nourris, des réclamations, des cris d’orfraie dans le vide social des réseaux. Bref, au moment où les cartes peuvent être rebattues, au moment où nous prenons individuellement et collectivement conscience de notre finitude, au moment où le mot solidarité peut prendre à la fois tout son sens et sa place, tout fonctionne finalement comme si le monde était toujours le même, sauf en surface, les mots sont beaux, les phrases sont pleines d’emphase, les airs sont affables, mais la mécanique reste la même, tout doit s’appliquer aux autres sauf lorsque ça nous concerne, l’oreille est toujours bien tendue pour les prophètes cathodiques, on craint le complot que l’on fomente ou qu’on alimente, on pratique la délation qu’on dénonce. Alors que seront demain nos héros du jour ? ni plus ni moins qu’hier si ça continue comme ça … A votre bon coeur …
Death NYC – Death God 2019, Sérigraphie signée et numérotée
En coordination avec le groupe Kering, les Maisons Pomellato et DODO ont lancé une initiative de crowdfunding pour soutenir les femmes qui sont victimes de violences domestiques. Alarmé par la montée du nombre d’incidents domestiques qui ont eu lieu depuis le début du confinement liés à la pandémie du Coronavirus, Pomellato a créé en urgence une campagne, avec le soutien des ambassadeurs et ami(e)s de la maison, pour lever des fonds afin de stopper les violences domestiques. Les fonds récoltés iront directement à D.i.Re, la première association italienne contre les violences faites aux femmes. D.i.Re est soutenu par la fondation Kering depuis 2013. Il y aura aussi un support financier pour CADMI (maison des femmes basée à Milan soutenue par D.I.Re). Pomellato et Dodo s’engagent à verser dès maintenant 100 000€. En découvrir plus et agir : www.gofundme.com/pomellatoagainstdomesticviolence
Et si c’était l’heure de tout réinventer ? De profiter de ce confinement pour repenser, tous ensemble, la société, l’amour, le sexe, le travail, l’éducation, la culture, la nourriture, la politique ou notre rapport à la planète ? Comme l’a écrit Gébé dans sa BD L’An 01, « On arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste ! ».
Le temps d’une boucle WhatsApp infinie, Radio Nova donne la parole à tous les cerveaux confinés pour imaginer la société de demain. Musiciens, écrivaines, cinéastes, dessinatrices, philosophes… Chaque jour, l’un d’entre eux nous fait parvenir une note vocale, très sérieuse ou complètement délirante, de sa vision du monde de demain. Ces mémos sont habillés par nos réalisateurs et diffusés à l’antenne, entre deux morceaux de musique, toute la journée, la nuit et le week-end. Toutes ces propositions font ensuite l’objet d’un podcast publié sur nova.fr et toutes les plateformes, pour partage et réécoute. En attendant Arthur H ou Barbara Carlotti, les écrivains Xabi Molia et Thomas Vinau inaugurent ce nouveau programme prospectif, diffusé du lundi au vendredi à 8:20 puis de manière aléatoire sur Nova. Le monde d’après, coordonné par Richard Gaitet et Marie Misset, est réalisé par Benoît Thuault sur https://www.nova.fr/
J’aime beaucoup ce poème de Jean de La Fontaine (1668) et qui n’a pas pris une ride : Le Chien qui lâche sa proie pour l’ombre
Chacun se trompe ici-bas. On voit courir après l’ombre Tant de fous, qu’on n’en sait pas La plupart du temps le nombre. Au Chien dont parle Ésope il faut les renvoyer. Ce Chien, voyant sa proie en l’eau représentée, La quitta pour l’image, et pensa se noyer ; La rivière devint tout d’un coup agitée. A toute peine il regagna les bords, Et n’eut ni l’ombre ni le corps.
Poème que l’on pourrait compléter par Vanité des vanités, tout est vanité…
La folie du monde moderne, dans nos contrées nanties, c’est d’affirmer avec conviction dans la même phrase tout et son contraire, confondre le juste avec le faux, la lumière avec les ténèbres, l’amour et la satisfaction de besoins primaires, le réel avec les succédanés du virtuel, confondre le travail avec l’accomplissement de taches répétitives. L’être et l’avoir, la beauté extérieure et le coeur. Nous n’avons rien perdu, la preuve ce poème date de 1668, c’est le triste constat d’une espèce perdue depuis les premières heures du jour, nous avons la capacité à nous améliorer… on commence quand ?
Suis-je conscient de mon inconscience, de mon incapacité à prendre véritablement conscience, des voiles et rideaux opaques qui obscurcissent mes pensées, qui noient et abîment ma volonté ? Dédales véritables et méandres artificiels générés par le mastermind, maître du Je et des énigmes de la vie, aussi retord que pervers dans son art de la manipulation, dans son immuable propension à m’éloigner de l’unité.
J’imagine, j’extrapole, j’envisage et je reviens inévitablement à ce que je perçois comme étant les premières lueurs du Moi, ivre de mon ego triomphant, victoire autoproclamée dont je pourrais me satisfaire, addict cependant à ces soliloques intérieurs, sans fondements, sans fondations, sans finalités, éjaculations mentales anorgasmiques et frustrantes.
Heureux le simple en Esprit qui ne cherche pas mais trouve la paix, à en croire les sacro-saintes paroles de ceux qui s’expriment au nom des sages, le tout et le rien viennent naturellement à lui, c’est ainsi, mektoub. Le cherchant pour sa part, creuse, ronge, cherche, soupese, analyse, décortique, s’emploie de mille façons différentes sans jamais parvenir à ce résultat, et pourtant, comme après un effort physique, comme après une chasse, comme après tout « pourquoi pas », il ambitionne de prendre enfin conscience, comme une suprême récompense, le pic de son existence.
Que dire des semblables, humains faits de chair et de sang, d’os et d’eau pour qui la vie n’est rien d’autre qu’une succession d’actes plus ou moins intéressants, plus ou moins complexes, confondent passions et complaisante exécution de tâches, d’actes, travaux de copistes plus ou moins bien réalisés, mécanique rodée, automatique.
J’aime voyager, dit l’un… D’accord ! et tu es allé où ? demande l’autre. Là où il faut aller ! C’est à dire ? J’ai « fait » tous les endroits recommandés, les points d’interêt. Et à quel moment t’es tu perdu ? Jamais ! j’avais un guide, le gps et le chemin était parfaitement balisé, propre, aseptisé …
Alors, s’agit-il d’un voyage au sens propre du terme, ou d’un trajet aux panoramas figés, qui resteront pour quelques temps ou pour l’éternité dans la mémoire morte d’un téléphone portable, d’un cloud, d’un disque dur, d’une clé usb.
S’échapper, hors des sentiers battus, des conventions, s’affranchir des règles du Maître du Je qui fige nos certitudes, clôture nos rêves et musèle nos ambitions. Ne pas craindre de s’être égaré mais apprendre, tomber, se relever, la tête dans les nuages, les pieds encrés dans le sol, accepter, revendiquer l’erreur et en faire une force créatrice, ainsi il y aura toujours du sens pour celui qui s’émerveille, qui échappe au piège qu’il s’est lui-même rendu, de n’être là que pour subir. Une prise de conscience salutaire, un Escape Mind nécessaire…
La titraille est toujours plus ingénieuse pour nous inciter au clic : De la question directement adressée à l’ego « vous ne devinerez jamais … », à la culpabilisation « Si vous ne … vous le regretterez toute votre vie », en passant par la moralisation « 3 choses indispensables à faire pour mieux », sans oublier le graveleux « xxx montre sa culotte » qu’aucune féministe bizarrement n’attaque, at last but not at least le délibérément polémique (avec le mot polémique, controverse ou scandale souvent dedans) …
Évidemment le titre a toujours eu pour fonction d’attirer le chaland et de générer des ventes, mais on était en droit d’espérer avec l’amplification des sources d’information, un contenu si ce n’est de haute volée, au moins divertissant, amusant, informatif, or aujourd’hui il s’agit de la majeure partie de l’article : Un titre, trois tweets glanés parmi les plus sulfureux, ou des photos intégrées depuis Instagram et l’affaire est dans le sac.
Même les médias les plus « respectables » s’adonnent à cette pratique aussi creuse qu’inepte. D’où une certaine défiance du grand public envers les médias, d’où l’utilité de se cultiver pour se forger sa propre opinion. Probablement un vœu pieux puisqu’en son temps déjà Thomas Jefferson disait “Dans la presse, seules les publicités disent la vérité.” Je vous laisse juger !
Notre théâtrale existence nous donne l’occasion d’interpréter au quotidien un certain nombre de personnages: de premier rôle de notre microcosme, nous endossons, beaucoup plus fréquemment qu’il n’y parait, celui moins reluisant de figurant. Individu dans la file d’attente, au feu rouge, dans les transports en commun, à la table quatre du restau chinois à côté du boulot, dans la rue, au téléphone, en tribune, au fond de l’avion, un casque sur les oreilles, le regard dans le vide, en arrière plan de selfie. Nous sommes partout mais dans ces instants, nous ne sommes personne, hormis lors de ces moments fugaces où les regards, les voix, les corps se croisent, se frôlent, se touchent. Interactions sociales policées, séductrices, hostiles ou funestes…
Forts de notre égotisme exacerbé, il est délicat de nous penser ainsi, dénués de sens, sans utilité ni intérêt, si excentrés par rapport aux exigences instillées par la société. C’est pourquoi certain.es sont aussi actifs sur les réseaux dits sociaux, pour résonner, exister avec plus de vigueur, n’incarnant cependant rien d’autre qu’une manifestation comportementale instantanée et éphémère : regardez moi je suis ; je suis autre chose que des pas dans vos pas ; je suis important voir essentiel.le. Même si l’intention est louable ou compréhensible, le résultat est parfois désastreux, d’où cette notion de caprice. Comme des enfants gâtés, incapables d’accepter notre relative importance. Et pourtant, comme l’a célébrée Charles Baudelaire dans son poème, A une passante, notre présence sans identité peut être devenir une sublime source d’inspiration.
La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d’une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l’ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair… puis la nuit ! – Fugitive beauté Dont le regard m’a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?
Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être ! Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !
Illustration Bogeyman 3: Rick Griffin and Rory Hayes!
A les entendre tout est simple, évident, limpide. Surtout après coup, une fois que tout est fait. Peu importe l’issue, eux l’assurent, il y avait tout de même mieux à faire, mais bien sûr on ne leur a pas demandé et si on l’avait fait, alors tout aurait été différent, forcément mieux. Mais à chacun son métier, sa spécialité, sa compétence, on ne va pas s’en mêler.
Pourtant, ils n’hésitent pas à déclamer, partout et très fort, leurs avis mâtinés d’idées pré-mâchées et de philo de comptoir, susurrés à l’oreille d’un livre audio, d’une radio, d’une télé qu’on prétend ne pas posséder, par les « experts » qu’ils idolâtrent en secret ou en bonne société, se jurant bien d’êtres leurs propres maitres à penser.
Alors, petits barons ou esclaves dorés, gargarisés par un pouvoir socialement conféré, ils assènent leur pseudo-vérité et leur masque bienséant, passant à mille lieux de l’Etre et de la Vérité. Provoquant directement ou par ricochet mal-être, frustration, tristesse, ostracisation et rejet, au nom de la chimérique liberté, du développement personnel, du culte du corps, du temps pour soi acquis grâce à celles et ceux d’en dessous ou d’à côté, qui en font toujours plus pour compenser.
Ecolo de circonstances, prétendus humanistes déshumanisés, Thénardier des temps modernes, Rastignac 3.0, Cyber Papon, chacun au quotidien participant à la grand guignolesque comédie humaine, chacun de son côté, chacun dans l’entre soi, replié.e sur la notion de droit sans devoirs, lâchant, sans trouver cela amoral, un commentaire plein de haine ordinaire. Dis-moi que faire ? Faut-il être ou ne pas être ? Faut-il garder l’épée en main jusqu’au bout et partir le jour venu… avec panache ?
CYRANO, [est secoué d’un grand frisson et se lève brusquement.] Pas là ! non ! pas dans ce fauteuil ! [On veut s’élancer vers lui.] Ne me soutenez pas ! Personne ! [Il va s’adosser à l’arbre.] Rien que l’arbre ! [Silence.] Elle vient. Je me sens déjà botté de marbre, Ganté de plomb ! [Il se raidit.] Oh ! mais !… puisqu’elle est en chemin, Je l’attendrai debout, [Il tire l’épée.] et l’épée à la main !
LE BRET Cyrano !
ROXANE, [défaillante] Cyrano !
[Tous reculent épouvantés.]
CYRANO Je crois qu’elle regarde… Qu’elle ose regarder mon nez, cette Camarde ! Il lève son épée. Que dites-vous ?… C’est inutile ?… Je le sais ! Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès ! Non ! non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ! Qu’est-ce que c’est que tous ceux-là !- Vous êtes mille ? Ah ! je vous reconnais, tous mes vieux ennemis ! Le Mensonge ? [Il frappe de son épée le vide.] Tiens, tiens ! -Ha ! ha ! les Compromis, Les Préjugés, les Lâchetés !… [Il frappe.] Que je pactise ? Jamais, jamais ! -Ah ! te voilà, toi, la Sottise ! Je sais bien qu’à la fin vous me mettrez à bas ; N’importe : je me bats ! je me bats ! je me bats ! [Il fait des moulinets immenses et s’arrête haletant.] Oui, vous m’arrachez tout, le laurier et la rose ! Arrachez ! Il y a malgré vous quelque chose Que j’emporte, et ce soir, quand j’entrerai chez Dieu, Mon salut balaiera largement le seuil bleu, Quelque chose que sans un pli, sans une tache, J’emporte malgré vous, [Il s’élance l’épée haute.] et c’est… [L’épée s’échappe de ses mains, il chancelle, tombe dans les bras de Le Bret et de Ragueneau.]
ROXANE, [se penchant sur lui et lui baisant le front] C’est ?…
CYRANO, [rouvre les yeux, la reconnaît et dit en souriant] Mon panache.
Affalé sur le canapé, une part de moi essaie désespérément d’échapper au programme télévisé qui défile devant mes yeux hagards. Mais mes doigts restent figés sur la télécommande. Mon cerveau curieux et voyeur s’accroche à l’idée de comprendre ce qui se passe à l’écran, faisant fi de mon aversion revendiquée pour ce type d’émission. L’heure n’est pas encore à la remise en question, mais il me semble que j’y trouve un certain plaisir coupable, comme lorsque la radio, que je n’écoute jamais, abstraction faite de FIP, NOVA, OUÏ FM, diffuse un « tube » et que je change pas la fréquence, ou lorsqu’au lieu de taper Le Monde ou Courrier International ou les plus sérieux et fiables Konbini ou Inrocks dans la barre de recherche, je me retrouve sur un agrégateur de News qui me renvoie sur Public, Closer ou Gala, piégé par un titre que j’abhorre au premier abord…
Inutile d’essayer de me trouver des circonstances atténuantes, cette situation ne peut pas vous arriver, vous êtes au dessus de la mêlée, vous n’êtes pas comme tout le monde, vous êtes unique, différent.e, la preuve réside dans vos photos Instagram si originales, vos partages Facebook tellement pertinents, vos séries préférées sur Netflix découvertes à n’en pas douter avant tout le monde, votre goût pour la nourriture Vegan, vos préoccupations à l’égard du monde, votre cigarette électronique… tout ça démontre bien que vous êtes quelqu’un d’authentique et non pas un.e vulgaire clone…
Plan large sur la baraque. Une maison d’archi, piscine extérieur, quelques palmiers façon Miami Beach. La voix off est catégorique, c’est la maison idéale pour nos protagonistes. Justement l’image se resserre sur un petit couple d’hypothétiques BCBG. Ils sont neutres, fades, hautains. La femme porte un foulard autour du cou, tandis que monsieur porte une veste en velours ou tweed. C’est probablement ainsi que nous nous représentons la bourgeoisie, car je n’ai pas besoin d’interpréter ou d’imaginer. Aussi vrai que du poulet au KFC. La caméra zoome sur un Baby-Foot. Voix orgasmique de Marie-Louise : « C’est exactement ce qu’on veut, quelque chose d’anti conformiste ».
C’est à ce moment précis que mes yeux se sont embués. Le coup en traitre. Elle aurait pu dire « c’est le kiff », ou de la « bombe », faire un high five ou checker avec son Jean – Alfred de mari, citer PNL ou Booba, dire que la maison était parfaite comme décor pour un Marc Dorcel, twerker, j’aurai probablement fait la moue mais l’entendre parler d’anti conformisme, elle qui incarne pour moi l’archétype de la norme, du suivisme, étant bien persuadé que c’est pour cette raison que la production de l’émission l’a sélectionné avec son mari, j’enrage et me désole. Alors j’ai cherché et Erich Fromm m’a apporté la réponse, limpide et tellement évidente, contenue dans son oeuvre « L’art d’aimer « que je ne saurai que trop recommander : La plupart des gens ne sont même pas conscients de leur besoin de conformisme. Ils vivent avec l’illusion qu’il suivent leurs propres idées et penchants, qu’ils sont individualistes, que les opinions auxquelles ils sont arrivés représentent l’aboutissement de leur propre réflexion et que, si leur idées rejoignent celles de la majorité, c’est en quelque sorte une coïncidence…. Mais en fait les gens veulent se conformer à un degré bien plus élevé qu’ils n’y sont contraints, du moins dans les démocraties occidentales… Dont acte.
Illustration : Max Ernst: Castor et Pollution – 1923
Le concept de « légende personnelle » a été largement popularisée par Paulo Coelho dans son roman l’Alchimiste, je déplore cependant que nombreux illuminés se soient octroyés le terme pour l’intégrer à leur pseudo spiritualité charlatanesque. En réalité, le grand message à peine voilé, est une invitation à explorer l’existence comme un voyage vers la plus importante des destinations, à savoir soi-même…
En guise de bagages, car il faut s’équiper correctement : s’accorder une pleine confiance sans réserve, faire preuve d’ouverture d’esprit et d’écoute, de curiosité, de remise en question, de recul, d’amour, de détermination sans pour autant négliger le calcul, le 2eme degré, la ruse, la colère, l’arrogance, l’égocentrisme, le cynisme, la peur… Parce qu’il est inepte ou illusoire de croire qu’on ne peut composer qu’avec le seul versant positif de notre Être. Nous devons accepter que nous sommes autant porteurs de lumière que d’ombres, fruit fécond et vivant de cette dualité. Nous devons apprendre à percevoir les infimes nuances entre le bien et le mal pour arpenter sereinement la voie médiane qui échappe au manichéisme grossier de l’époque…
Une fois engagé sur les chemins de l’inconnu, chacun d’entre nous devra d’abord s’efforcer de lutter contre le déterminisme. Un combat résolument nécessaire aujourd’hui, au regard des algorithmes, qui, pour notre plus grand mal être, fixent notre personnalité et nos affinités contre quelques dollars…
Sans trop extrapoler, poursuivre sa légende personnelle est un formidable levier, un encouragement à vivre, expérimenter, aimer, se libérer, s’affranchir des contingences matérielles et de l’image réductrice de soi, pour atteindre l’essentiel, en pleine conscience.
Voici en exclu quelques tuyaux percés. Selon nos dernières informations, il semblerait que nos dictateurs de goûts, empêtrés dans le vegan égotiste et le culte du corps sportif qui ostracisent et dépriment leurs pratiquants, se soient accordés sur les termes de ripaille et déculpabilisation comme maîtres mots positifs de la prochaine rentrée, à l’instar des bonnes résolutions, qui seront : prendre de la hauteur et de la distance (Xanax ou Lexomil ?) et qui figureront en bonne place parmi les invitations au lâcher-prise et à la bienveillance, plus que jamais d’actualité.
Comfortably Numb David Gilmour David Bowie HD
Les oracles découvreurs, fixeurs de tendances, nous promettent donc de renouer avec la grande tradition des banquets, des rires et des chants, d’agapes mémorables au cours desquelles les instruments de musique, guitares, accordéons, percus feront leur come back à table, tandis que les mezzés, pastas, couscous, truffades et autres grands plats roboratifs maison auront les faveurs des convives hydratés aux magnums de blanc et rouge bio, sans sulfites et aux Irish Coffre et pousses cafés (avec modération). Une année qui s’annonce donc sous les meilleurs hospices de beaune ! Le tout c’est d’y croire…
« Notre monde vient d’en trouver un autre, cet autre monde ne fera qu’entrer en lumière quand le nôtre en sortira » face à cette assertion lumineuse et actuelle de Montaigne, éditorialistes, journalistes, bot d’articles, commentateurs, philosophes, spiritualistes, entertainers, influenceurs, personnalités publiques, grands professionnels et petits exécutants, sont tous unis dans une même volonté: donner du sens : A la vie, à l’existence, à la nature, à la collectivité, à l’altérité, au travail, à l’au-delà… (Liste non exhaustive).
Bien entendu, s’opposent les convictions de l’ancien et du nouveau monde, les progressistes et les conservateurs. Les apôtres de l’inclusion et les désesperants dévots de l’exclusion. Chacun arc bouté sur son idée du sens, au point qu’il en devient parfois totalitaire ou réducteur. Mais pourquoi est-il si difficile d’accepter que le corrollaire indispensable au don est la réception ?
Posons-nous la question avec objectivité, est-ce que notre quête du sens n’est pas, dévoyée ? plutôt que de renforcer notre humanité, nous cherchons manifestement à imposer un ordre, une idéologie, un dogme, une appréciation centrée et égotiste, en dépit du bon sens, c’est à dire sans prendre en compte les aspirations, la nature profonde, la capacité à être ou à faire. J’en veux pour preuve toutes les méthodes dont nous sommes inondés qui sont censées nous apprendre, nous coacher pour que nous mangions mieux, travaillions mieux, nous organisions mieux, elevions mieux nos enfants, vivions mieux etc. Sans jamais prendre en compte la capacité à recevoir, à accepter… Le bon sens, en définitive, est probablement celui qui émane d’un cœur libre vers un cœur libéré et reciproquement. Un chemin qui semble si accessible… et pourtant !
Et si nos médias s’allongeaient sur quelques divans de psychiatres, et se libéraient enfin de la dépression dans laquelle ils se complaisent au quotidien depuis l’émergence des Internets ? Et que, par voie de conséquence, se raréfiaient les vindictes de lecteurs – commentateurs, toujours plus excités par les idées de haine, de division et d’intolérance, dommages collatéraux causés par leur lugubre logorrhée ?
Est-il permis d’espérer, à l’avenir, un traitement de l’information neutre, objectif et qui sait, quand le sujet s’y prête bienveillant ? Cela semble malheureusement compromis, Eric Schmidt, ancien patron de Google a récemment déclaré à propos du vaste web : « Je pense que le scénario le plus probable à présent n’est pas une séparation, mais plutôt une bifurcation avec d’un côté un leader d’internet chinois et de l’autre un leader d’internet américain ».
Il devient nécessaire de faire, si ce n’est l’apologie, au moins la promotion des acteurs de la diversité culturelle, dont la portée est malheureusement reléguée en page 15 ou 16 du tout puissant moteur de recherche.
Faut-il, pour autant, en déduire qu’une faible audience est la garantie d’une liberté plus grande ? Non pas ! Il convient d’être aussi vigilant et alerte que pour des médias classiques, afin d’éviter d’être influencé ou manipulé par des illuminés persuadés d’être détenteurs de la vérité ou du bon goût. Cependant on constate parfois de véritables envolées lyriques, ou gloses profondes d’humbles experts en musique, littérature, cinéma, arts graphiques, etc. adorateurs sincères et dévoués, de genres oubliés ou plongés dans les ténèbres propres aux déchus de la mode. En ce sens, les tenants de l’immédiat et du mainstream, requins sans scrupules, n’hésitent d’ailleurs jamais à racketter ces sources de savoir acquis parfois de longue date, le jour où la nécessité se fait sentir (retour en grâce, mise en lumière par un roi du jour).
Alors n’hésitons pas à arpenter les rues biscornues et à priori mal achalandées des Internets plutôt que les vastes avenues des agrégateurs de news, vers lesquelles nous sommes guidés à l’instar de vulgaires touristes.
Le prix à payer pour ce regain de liberté ? Un temps de chargement parfois plus long, des templates éculés, le déni des prétendues best practices…
« Il faut qu’il croisse, et que je diminue. » Jean 3:30 Les plus grands penseurs, théoriciens, exégètes, théologiens, logisticiens, philosophes, croyants, athées, ont cherché et cherchent peut être encore parmi ces quelques mots assemblés en phrase : une raison, un but, un sens, une Vérité.
Selon Saint Augustin : « Jean a été diminué parce qu’on lui trancha la tête, et le Sauveur a grandi parce qu’il a été élevé en la croix. La Vérité a fait naître la haine. Les avertissements du saint homme de Dieu n’ont pu être supportés sans irritation par ceux dont il cherchait le salut. Ils lui ont rendu le mal pour le bien. Que dirait-il, en effet, sinon ce dont il a l’âme remplie ? Et que répondraient-ils, sinon ce dont leur cœur est plein ? Lui, il a semé le bon grain, mais il n’a trouvé que des épines… »
Saint Exupéry : « Si je te faisais don d’une fortune toute faite, comme il en sort d’un héritage inattendu, en quoi t’augmenterais-je? Si je te faisais don de la perle noire du fond des mers, hors du cérémonial des plongées, en quoi t’augmenterais-je ? Tu ne t’augmentes que de ce que tu transformes, car tu es semence. Il n’est point de cadeau pour toi. C’est pourquoi je veux te rassurer, toi qui te désespères des occasions perdues. Il n’est point d’occasions perdues. Tel sculpte l’ivoire et change l’ivoire en visage de déesse ou de reine qui frappe au coeur. Tel autre ciselle l’or pur et peut-être, le profit qu’il en tire, est-il moins pathétique aux hommes. Ni à l’un ni à l’autre l’or ou le simple ivoire n’ont été donnés. L’un et l’autre n’ont été que chemin et voie et passage. Il n’est pour toi que matériaux d’une basilique à bâtir. Et tu ne manques point de pierres. Ainsi le cèdre ne manque point de terre. Mais la terre peut manquer de cèdres et demeurer lande caillouteuse. De quoi te plains-tu ? Il n’est point d’occasion perdue car ton rôle est d’être semence. Si tu ne disposes point d’or, sculpte l’ivoire. Si tu ne disposes point d’ivoire, sculpte le bois. Si tu ne disposes point de bois, ramasse une pierre. (…) Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. »
Et l’on comprendra mieux la finalité du titre grâce à Mozart : “Le vrai génie sans coeur est un non-sens. Car ni intelligence élevée, ni imagination, ni toutes deux ensemble ne font le génie. Amour ! Amour ! Amour ! Voilà l’âme du génie.”
Pour Saint Thomas d’Aquin : Si aliquis carius velit vendere res suas quam sit justum pretium… manifeste usura committitur. Si quelqu’un veut vendre ses biens plus cher que le juste prix, l’usure est évidente… (L’usure désigne l’intérêt d’un prêt au taux abusif.).
Aujourd’hui la formule n’a plus lieu d’être, le juste prix est celui qui est accepté par un nombre de clients suffisants ou dicté par des considérations qui dépassent le ratio utilité/qualité, même si nous essayons de nous dégager de ce modèle en feignant de ne pas y adhérer. En tout état de cause, le livre Propaganda de Edward Bernays et préfacé par Normand Baillargeon demeure une référence dans le domaine encore et toujours d’actualité : « Le manuel classique de l’industrie des relations publiques « , selon Noam Chomsky. Véritable petite guide pratique écrit en 1928 par le neveu américain de Sigmund Freud, ce livre expose cyniquement et sans détour les grands principes de la manipulation mentale de masse ou de ce que Bernays appelait la » fabrique du consentement « . Comment imposer une nouvelle marque de lessive ? Comment faire élire un président ? Dans la logique des » démocraties de marché « , ces questions se confondent.
Bernays assume pleinement ce constat : les choix des masses étant déterminants, ceux qui viendront à les influencer détiendront réellement le pouvoir. La démocratie moderne implique une nouvelle forme de gouvernement, invisible : la propagande. Loin d’en faire la critique, l’auteur se propose d’en perfectionner et d’en systématiser les techniques à partir des acquis de la psychalanyse. Un document édifiant où l’on apprend que la propagande politique au XXe siècle n’est pas née dans les régimes totalitaires mais au cœur même de la démocratie libérale américaine… Sur la question des salaires, le point de vue d’Alain reste totalement pertinent : « Gagner sa vie, cela ne fait point peine, et même fait plaisir. Ce qui irrite, c’est l’idée que ce salaire bien gagné ne vienne pas par le travail seul, comme un lièvre pris à la chasse, mais dépende encore de la volonté et du jugement de quelqu’un. » Moralité, il n’y en a pas, nous nous conformons, adaptons, tentons de créer de nouveaux modèles (éphémères ou pérennes) pour échapper à la condition de marchandise/dévoreur de ressources tout en étant soumis à une pression consumériste sans équivalent. J’achète donc je suis, ma position sociale détermine ma qualité, au XXI°ème siècle quand commencerons-nous à nous réinventer pour faire ce que doit, exister et progresser ?
Kierkegaard n’avait pas Google My Business, Twitter , Facebook, LinkedIn ou C8 pour corroborer son propos, mais nul doute que si le grand penseur était encore parmi nous, il se taperait de belles barres de rire (le rire étant la politesse du désespoir) à la lecture des commentaires et autres avis en ligne des haters, toujours plus critiques et de moins en moins réfléchis. Diatribes vides de sens, le plus souvent fieleuses, et qui laissent parfois songeur sur la nature du suffrage universel, arme de destruction massive lorsqu’il est placé entre les mains de vampires assoiffés de sang virtuel, ou de zombies de la pensée unique… Il est vrai qu’à cela Robert Badinter oppose une vérité cynique : Ce que tu ne dis pas t’appartient. Ce que tu dis appartient à tes ennemis. Par conséquent, retranchés derrière cette sacro sainte liberté d’expression, qui nous distingue d’après nos chers dirigeants des contrées dictatoriales, il est permis de dénigrer, avilir, saper, moquer etc. ceux qui ont le courage de s’exposer. Je ne parle pas des polémistes qui jouent de cela avec leurs détracteurs pour améliorer leurs recettes publicitaires, je pense plutôt à ceux qui osent s’exposer sur la place publique pour défendre un projet, une idée, un concept et qui reçoivent comme récompense de leur courage, le mépris de personnes incapables d’entreprendre, incapables de produire autre chose que des inepties. Le combat de la pensée est plus que jamais d’actualité, les risques d’un retour à l’histoire la plus tragique sont de plus en plus grands…
Illustration: Anton Van Dalen http://www.antonvandalen.com
Chienlit. Captation record. Classe politique éparpillée façon puzzle. Médias fragiles. Penseurs embrigadés. Prêcheurs pour royalties. Lanceurs d’alerte planqués. Marionnettistes contrariés ou au contraire satisfaits ? Insoumis à fort pouvoir d’achat. Grande machine broyeuse de rêves tués à coup de psychotropes. Argent. Classe moyenne amnésique. Argent. Référentiel à géométrie variable. Argent. Juste choix ou choix du juste, de la guerre ou de la paix ? France aux multiples fractures. Jeunesse inculte ou pas dupe. Egos enivrés. Corps glorifiés. France qui ne jure que par son élite aristocratique déchue, choisie, expérimentée, qui s’enflamme pour les beautiful loosers, les numéros deux, les derniers à la peine mais qui ont du panache, du french flair, qui twistent les pronostics… honnissent les leaders, les font succomber à la soumission exigée. « En politique une absurdité n’est pas un obstacle. » Napoléon Bonaparte
Les réseaux sociaux ont achevé leur mutation, agoras populistes et anxiogènes, instruments d’informations non vérifiées à forte résonance dramatique, de revendications globalisées, de peurs ancestrales, de sarcasmes et de cynisme, de jugements primaires et de farouches joutes, d’échanges, café du commerce sans alcools ni olives, où la sourde colère des incompris « matche » avec les fulgurances de ceux qui ont tout compris. Est-ce une régression sociétale ? Faut-il s’en inquiéter ? ou se féliciter d’avoir de tels moyens de propagation, aussi perfectionnés, qui nous éloignent ou nous rapprochent de l’ignorance ? A moins, là encore, que ce ne soit une auto manoeuvre pour nous enfoncer toujours plus loin au fond de la grotte, effrayés que nous sommes par la lumière de la Vérité. « Le dialogue, relation des personnes, a été remplacé par la propagande ou la polémique, qui sont deux sortes de monologue. » Albert Camus
Lire, découvrir, voyager, penser par soi-même, écouter, aimer, cultiver, parler à bon escient, s’émerveiller devant la nature et les réalisations de l’homme, s’occuper de son microcosme, faire preuve de compassion, d’humilité, accepter l’autre, croire en soi, vivre… Ecrivez votre propre citation. Anonyme
Illustration :
Roberto Matta et Victor Brauner
1911 – 2001 ET 1903 – 1966
INNERVISION
huile sur toile
145 x 196 cm ; 57 x 77 1/8 in.
Peint en 1956.
Le couperet est tombé, c’est comme ça… et pas autrement. D’un coup, les portes de la croyance, de l’espérance, du savoir et de la connaissance se referment violemment. Il n’y aura pas d’alternatives, de contre propositions, d’argumentation, so be it, qu’il en soit ainsi. La sentence est implacable, glaçante, inflexible. Mais pourquoi ? Parce que ! Parce-que quoi ? Parce-que c’est comme ça… Difficile de trouver plus absurde, plus limité, plus inhumain. A travers cette locution se manifeste l’acceptation, la résignation, le ployage de celui qui ne cherche plus et se contente d’exécuter machinalement. A forer dans le pourquoi de cette réponse qu’on donne le plus souvent parce qu’on ne sait pas pourquoi, à défaut, au détriment d’un raisonnement construit, on découvre la source d’un combat. Combien se sont arrêtés à ce semblant de justification pour légitimer auprès de leur conscience les pires exactions ou l’absence de prise de position ? Combien de salauds on fermé complaisamment les yeux sur l’injuste, l’arbitraire se contentant de ce qui tenait lieu de vile évidence ? Les révoltés du c’est comme ça, conscients ou intuitifs n’ont de cesse de chercher à dépasser la facilité, en pleine conscience, assumant courageusement leurs choix, cheminant sur le sentier escarpé qui mène vers la liberté. Pourquoi ? Parce que c’est …
Day 1 : Ça commence par des hyberboles, des envolées lyriques, l’encensement paroxysmique, une dythirambe telle que même l’essence du mot merveilleux ne peut soutenir la comparaison face à ce déferlement de qualificatifs élogieux. Rien ne peut contenir cette déferlante de reconnaissance sans bornes et immédiate. Le grand Léonard de Vinci vivant se serait incliné platement devant cette preuve ontologique de génie auquel il a aspiré mais qu’il n’a manifestement jamais atteint à en croire les critiques, adorateurs en pâmoison, fans enamourés, tous unis pour glorifier leur nouvelle idole en route vers la postérité.
Day 2 : 10:22 #dede34 a retrouvé un tweet du 21.03. 2007 07:24 émanant de la star et qui dit « La boulangère a de belles miches lol » assorti d’une photo d’un pain identifié comme un campagne d’environ 500 grammes. Avec 52k retweets en moins de 10 minutes le sujet devient top trend. Dès lors fans et détracteurs s’échappent sur ce qui devient rapidement le boulangeregate. Peu à peu les commentateurs s’accordent à penser que ce tweet est boulangerophobe, vulgaire, sexiste. Les hashtags #boulagainsthate et #michetoo confirment la tendance. L’interview de la boulangère annihile définitivement la tentative d’étouffement de l’affaire par l’avocat de l’agresseur.e présumé.e. « Elle m’a demandé un pain de campagne, je lui ai demandé si je devais le trancher, elle m’a répondu oui. C’est là que j’ai senti qu’il se passait quelque chose de pas normal. Pas de monnaie, juste un billet… J’ai ressenti le mépris et le regard lourd de sous- entendus. Invité de l’émission de radio phare, le 1er ministre a voulu surfer sur la vague « on se caille les meules dans votre studio », provoquant l’hilarité des internautes et les reprises par les talk shows d’access prime time. Philosophes, sociologues, artistes, sportifs de tous pays sont dans un premier temps un peu partagés et quelques uns dénoncent d’ailleurs un acharnement médiatique insupportable avant de se raviser et de rejoindre les rangs des courroucés.
Day 3 : Déprogrammé dés l’annonce du scandale par solidarité envers les victimes du breadspreading, des émissions radio, télé, supprimé des réseaux et des purs players musicaux, salles de concerts, etc. La star déchue n’apparaît même plus en 10eme page des moteurs de recherche témoignant ainsi de la désaffection massive du public. Des enquêtes d’investigation sont tout de même prevue afin de faire la lumière sur toute cette sordide affaire.
… Ou encore acheminons-nous dans le vaste domaine de la pensée et de l’action.
Maudire les marasmes du macrocosme et ne pas envisager de penser et d’agir au sein de son microcosme autrement que pour satisfaire son ego… voilà en substance le drame de l’humain du XXième siècle, « accompagné » dans cette folie, par la cynique bienveillance d’une société globalisée repliée sur elle même, fanatique, ignorante et dont l’ambition déréglée transforme la matière première humaine en machine exécutante, décérébrée et résignée. Les leçons du passé ne servent malheureusement que de supports pour des superproductions cinématographiques ou télévisées, standardisées qui ne provoquent qu’un émoi de circonstance chez ces êtres qui ne savent ni ressentir, ni aimer au sens le plus authentique du terme. Forts de cet impitoyable constat, que pouvons-nous espérer ? À observer les individus, rien ne semble pouvoir les extraire de la caverne platonicienne dans laquelle ils se sont confortablement installés… pourtant l’espoir est toujours de mise, notre histoire commune est celle de quelqu’un de trop fort pour être battu, pliant comme le disait Pascal, mais ne rompant pas, malgré toutes les vicissitudes.
L’eudémonisme (du grec : εὐδαιμονία / eudaimonía, « béatitude ») est une doctrine philosophique qui pose comme principe que le bonheur est le but de la vie humaine, il n’est pas perçu comme opposé à la raison, il en est la finalité naturelle. On peut rattacher à l’eudémonisme, la recherche de la félicité chez Spinoza ainsi que l’idéal du bonheur ou bien commun, cher aux lumières du XVIII ème Siècle. La doctrine se fonde sur une confiance générale en l’homme qui reste la clé irremplaçable de l’humanisme. La doctrine se concentre sur cette seule chance d’épanouissement que constitue la vie terrestre et c’est par conséquent à la réussite de cette vie, au bonheur immédiat ou rationalisé sur un temps long, tant au sien qu’à celui d’autrui, qu’elle consacre logiquement l’essentiel de son effort. L’eudémonisme est parfois confondue avec l’hédonisme qui fixe pour sa part, le plaisir et non le bonheur comme but de la vie humaine. En définitive, l(Wikipédia)
Orelsan dirait simple, basique et tellement évident… Pensons-nous à tort que notre modèle de société nous éloigne le plus souvent de ce but en soi, glorifiant la réussite égoïste et l’accumulation de biens matériels comme preuve de réussite ? Sommes-nous déterminés à croire que le conflit est une règle naturelle à laquelle nous ne pouvons échapper ? L’histoire nous démontre à contrario que c’est bien la co-construction et le partage qui ont permis à l’homme d’évoluer et de s’émanciper. Alors, loin des chimères new age et des frustrations consuméristes de l’époque, faisons de l’eudémonisme la pierre angulaire de notre existenc
Les futurs historiens spécialisés dans l’étude de la fin du XXEME Siècle, début du XXIEME consacreront des thèses voire des volumes entiers, à l’ère des réseaux sociaux et à ses phénoménales conséquences sur le monde occidental globalisé… Tweeterisation de la pensée, facebookisation des groupes humains, Tinderisme des rapports amoureux, Instagramisation de l’égo… L’altérité induite par le prisme de l’écran nomade sera disséquée, analysée et fera, n’en doutons point, l’objet de controverses passionnées…
Pourtant, à la question de l’origine du commencement de la genèse, de pourquoi et comment ce marasme s’est propagé comme une gangrène dans la jambe de bois d’un pirate, les caciques du turfu seront probablement bien en peine d’apporter une réponse satisfaisante à cette vibrante question, mais comme d’ici là le mot vérité n’aura certainement plus aucune valeur… à quoi bon s’en faire ? C’est donc au présent et en qualité de pré geek de la génération X que nous allons exegetiser les origines de ce gigantesque bordel 2.0
Dans les années 80-90, globalement un ordinateur, c’était une machine « dévolue » au jeu (Amiga, Atari, Amstrad…), ou à la bureautique (IBM, Apple, Bull) pour celles et ceux qui auraient du mal à déceler l’ironique nostalgie du propos, nous vous laissons le soin de redécouvrir les magazines Tilt et Génération PC afin de bien comprendre le sens du propos. Pour faire simple, l’ordinateur était basiquement un « truc » professionnel, d’ingénieurs ou de traders, Un objet imposant aux usages limités et au langage complexe. La majorité de la population considérait que c’était de la connerie, un épiphénomène sans véritable valeur ajoutée, car à cette époque on passait la carte bleue au sabot, en France on faisait ses recherches de transports ferroviaires sur minitel et c’était bien ainsi.
Puis, vint l’heure de la démocratisation digitale, avec la promesse de la multiplication des fonctionnalités, l’amélioration de l’ergonomie, la miniaturisation etc. des grappes de nouveaux utilisateurs furent séduits par l’interface windows ou mac, par la possibilité de graver des disques lasers, par l’internet naissant. Néanmoins la majorité de ces convertis à la technologie ayant appris à courir avant de marcher, ne se sont jamais familiarisés avec les règles implicites de l’informatique inhérentes au numérique. Encore aujourd’hui rares sont ceux qui acceptent que « ça ne marche pas », rares sont ceux qui considèrent qu’au delà de l’affichage il y a des lignes de codes, une hiérarchie, des infrastructures, des règles… C’est ainsi que forts de leur ignorance crasse et de la suffisance caractéristique à l’espèce humaine, ils se sont emparés des réseaux et des machines. De fait, mal éduqués et inconsciemment fiers de pouvoir saccager de nouveaux territoires, ils galvaudèrent les usages, nivelèrent par le bas les immenses possibilités offertes par ces outils, transformèrent peu à peu l’internet en un ersatz de télévision à la publicité despotique et féroce, expurgèrent les échanges et les conversations de leur dimension humaine, s’arrogèrent le droit de faire tout et n’importe quoi… Voilà comment aujourd’hui certains pensent comme ils tweetent, voilà pourquoi l’homme souffre aussi dans le monde virtuel… Mais, ne soyons pas pessimistes, il y a toujours de l’espoir…
Entre les Mères et Pères La Morale des temps présents, et les ravages causés au moral et à la morale par les actes des uns et la bêtise des autres, il devient héroïque de maintenir sa foi en l’humanité et dans l’espérance d’un progrès profitable au plus grand nombre… Même lorsqu’on dépasse la caricature des commentaires et des prises de position exacerbées dans l’Agora virtuelle du XXIeme siècle, il ne nous est pas permis d’échapper, dans la France d’aujourd’hui, au drame du 1er degré, au clonage des désirs, à la limitation des passions, à une certaine forme de réinterprétation de l’Histoire (tout était mieux avant ? allez dire ça, entre autres exemples saillants, aux victimes de l’apartheid, déportés, soldats enrôlés de force, sorcières brûlées au bûcher de l’intolérance et du dogme), à l’exacerbation de l’orgueil, de l’entre soi, de la facilité, de l’absence d’aspérités, de l’Argent roi et de la culture uniformisée et accessible, américaine d’abord.
Le schisme quelque peu orchestré par les médias entre néos intellos (qui ont des sous ou des crédits, voyagent, font du sport et font des photos classes pas des selfies ou un peu mais chouettes) pas trop fumeurs sauf clope de soiree vegan of course clament à l’envie l’absence de téléviseurs dans leurs foyers mais tapent autant dans les alter écrans que dans de la cc bio ou de la weed éthique, améliorent sans cesse leur condition physique pour mieux faire la queue devant les concept stores lors du prochain Black Friday avant de célébrer Halloween, et populos (qui ont des sous ou des crédits, voyagent, font du sport et des photos marrantes et des selfies sexy) mi vegan mi viandards, encore un peu fumeurs ou vapoteurs au quotidien, à l’ego toujours plus gonflé grâce à l’immense succès de Johnny, des Kardashian, des ordinaires sur exposés et des joutes verbales de personnalités politiques, qui cherchent leur adhésion mais ne passerait pas 1/4 d’heure en leur triviale compagnie, améliorent sans cesse leur condition physique pour mieux soulever les grilles des discounters lors du prochain Black Friday avant de célébrer Halloween, s’avère être en réalité un syncrétisme, pour l’uniformisation dans la médiocrité, le nivellement des degrés de compréhension, le sacrifice du bon vivant, la réduction des intentions à de simples opérations promotionnelles…
Mais dans quelques années on dira c’était le bon temps…
Je ne voudrais pas m’instituer Néo-Robespierrien ou Dantonien (je ne sais plus qui est le « sympa » entre ces deux personnalités révolutionnaires), mais j’avoue que la dernière petite phrase de Benjamin Griveaux, porte parole du gouvernement, m’a quelque peu heurté, pour ne pas dire plus… Selon cet éminent politicien, Wauquiez est « le candidat des gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel« . C’est qui lui ? le candidat des parvenus qui mangent Bio et qui roulent en Tesla ? A trop jouer la carte de la stigmatisation, du populo-snobisme, du mépris, on parvient malheureusement à faire céder les plus modérés, prêts à rejoindre la gronde antigouvernementale. La sémantique est importante, « gars », terme familier qui renvoie aux beaufs pas très futés, des « clopes » mot chargé d’argotisme pour ce Mossieur de la haute société, cela dit au prix du paquet on est pas loin, à la semaine, d’un dej à la maison du caviar. Wauquiez ça veut dire que le beauf tellement con qu’il fume dispendieusement est en plus alcoolique, raciste, antisémite et bien entendu climato sceptique, vu que cette tanche de français bas de plafond et bas de gamme, qui fête ses anniversaires chez Flunch et pète à table roule en diesel. Ahahah, il devait bien se marrer Griveaux en sortant sa petite phrase, en insistant bien sur le clivage, chiffres à l’appuie pour bien montrer que c’est pas la France qu’il veut pour l’avenir. OK, mais moi je ne suis pas sûr d’avoir envie de lui pour l’avenir. Pour ma part, je me méfie autant des apôtres autoproclamés de la bonne conscience que des fachos aboyeurs. Tout ça m’inspire une grande fatigue et une sourde colère, mais avec modération, ne risquons pas d’être accusé de sédition…
J’aimerai avoir une pensée pour le mort de la première minute. Vous savez, lorsque le film commence et que « bam » le mec tombe. Tu ne sais pas qui c’est et tu ne le sauras jamais, ce qu’il fait là, pourquoi, ses aspirations, ses rêves, ses envies. Pour le spectateur, ça n’a pas d’importance, c’est juste une présence dans le décor, un élément superficiel. Un sacrifice narratif nécessaire. Vous me direz, quitte à s’intéresser à lui pourquoi ne pas étendre la réflexion à toutes celles et ceux, bons, mauvais, neutres, qui se font shooter dans tous les films depuis la nuit des temps et d’ailleurs pourquoi circonscrire cela au genre cinématographique et uniquement aux humains ? Pourquoi ne pas, l’espace d’un instant entre deux crises d’égo, fixer notre attention sur ce qui compte vraiment et accepter sans distinction l’altérité ? Et si la nature érigeait un monument à la « création », serait-on capable de le voir ou serions-nous limités à la simple esthétique de la scène ?
Voir cette publication sur Instagram
Eight hundred sakura trees live in Tokyo on the Meguro River. Takashi Komatsubara (@takashi_komatsubara) captured one in all its glory at night. 🌸 “The Japanese strongly feel the four seasons in their daily lives,” explains Takashi. “Many people love the cherry blossoms in spring.” #TheWeekOnInstagram Photo by @takashi_komatsubara
Une publication partagée par Instagram (@instagram) le
Les réseaux sociaux, en particulier professionnels regorgent d’adages, de citations, de vidéos, d’éloges pour des applications aussi palpitantes que Koober (« les meilleurs livres » résumés en moins de 20 minutes), de figures prophétiques comme Steve Jobs, Richard Branson ou Elon Musk… Le mot « inspirant » est par conséquent devenu une sorte de néo nécessité, à l’instar des poke balls et autres séances de Yoga, pour de nombreuses personnes, à commencer par les conformistes. Mais le conformisme par essence est hermétique à l’avant-gardisme… de fait ne s’agit-il pas en réalité d’une illusion d’inspiration, ne sommes-nous pas prisonniers d’une linéarité intergénérationelle des idées, de l’imagination, de la créativité ? Tout le monde croit aujourd’hui que les social médias sont des sources d’inspiration et que maitriser l’art de la publication fait de soi un Artiste. Rien n’est plus éloigné de la vérité. Sans muses, sans contemplation, sans peur, sans âme, sans histoire, il ne reste qu’une enveloppe, des mots creux sans résonance, la satisfaction des idiocrates dans la plénitude de leur relation au monde où tout est accessible,
Ils ont envahi les réseaux dits sociaux et les magazines Lifestyle (H/F) avec leur mode de vie identitaire et uniformisé, basé sur l’entrainement à la salle de sport, les parcours kilométrés en semaine, les compétitions de running du week-end, les repas vitaminés à base de graines, bowls vegan, plats à moins de 30 calories, régimes… Ils ne parlent que de ça, font la roue dès qu’on salue leur silhouette toujours plus filiforme, trichent tout de même sur instagram, mais c’est de bonne guerre parce que tout le monde le fait, assènent sans cesse leur vérité sur le corps, il n’y a pas mieux, ni plus sain, ni plus appréciable, ils vivront très vieux et en très bonne santé, ils seront très beaux, mais seront-ils heureux ? Connaîtront-ils le goût du sel de l’existence ? Les quelques bons vivants encore en activité sont acculés, arc-boutés et de moins en moins enclins à la ripaille et à la gaudriole. Alors les zombies healthy sont certes proches de la perfection en extérieur, mais que serait la littérature par exemple, sans les esthètes de la fourchette et de la dive bouteille que furent notamment et parmi d’aussi illustres, Rabelais ou Alexandre Dumas ? Et l’humour dans tout ça ? Non pas pour rire de mais avec, avec celles et ceux qui tournent les phrases et les mots comme des grands crus et qui transforment les repas en véritables jubilations ? Serait-il possible dans un absolu idéal, de concilier les deux ? dépasser le culte du corps pour faire saillir les lumières de l’esprit ? François Rabelais a dit : “Par le monde, il y a beaucoup plus de couillons que d’hommes.”, c’est un fait malheureusement établi…
Dans l’ancien temps du Net, nous ouvrions ce qui s’appelait alors un « navigateur » et tels des marins d’eau douce, flibustiers, corsaires, conquistadors, passagers, commerçants, réfugiés, nous voguions sans repaires et sans limites, en quête de nouveauté, d’idéal, d’informations, d’opportunités, de nous-mêmes, des autres, de possibles réels ou imaginaires, affranchis des règles figées par le monde et prêts à accoster sur les rives de l’inconnu, à nous abimer au milieu d’un océan de codes et des fractales pour le plaisir de se sentir exister même virtuellement, ne serait-ce qu’un instant, frêles esquifs ou Yachts démesurés chacun trouvait sa place et allait à son allure.
Depuis cette époque, qui n’est pas si éloignée, les fabricants de contenants ont fermé toutes les frontières, laissant à peine la surface du lac Léman aux internautes du monde entier, qui de fait osent de moins en moins sortir leurs chères embarcations, de peur de les casser, de se les faire voler, ou de ne pas pouvoir se mouvoir à leur guise, de couler, de se heurter à un iceberg et pourtant la sécurité n’a jamais été aussi importante, renforcée…
Le marin échaudé préfère désormais rester à quai, contempler sur le ponton le même ciel que ses coreligionnaires ou son reflet narcissique, attendre bien sagement que le chemin soit balisé, comme on lui a promis un jour. Il a refoulé en lui cette soif de découverte. Il s’en remet à ceux qui savent et qui disent. Il n’ira plus jamais prendre le risque d’aller dans une direction inconnue par crainte de tout ce qui pourrait se produire, et pourtant il s’est mué en nageur, ne ménageant jamais ses efforts pour suivre les bateaux autorisés qui ont totalement annexé cet espace. C’est inconfortable, dangereux, absurde, irraisonné, mais que ne ferait-il pas pour apporter ses quelques poissons glanés sur le chemin aux très respectables seigneurs des mers …
Nous vivons l’époque des syllogismes d’ensemble absurdes, des clivages impossibles, du raisonnement figé sans remise en question. La faute à qui ? Le dire m’exposerait à la réfutation totale et immédiate de cette proposition de réflexion. Prenons un exemple concret : Donald Trump critique une partie de la presse, une partie du peuple critique Trump donc la presse dans son ensemble et le peuple dans son ensemble sont victimes de Trump… si je souhaite revenir sur ce que j’ai écrit, parce que je considère que c’est exagéré ou médiocre, ce sera trop tard, mon éventuel contradicteur se sera emparé de cette première information et ne me laissera aucune possibilité de modérer, d’atténuer ou même de changer mon propos. C’est possiblement le crépuscule de la spontanéité et de l’esprit critique. J’en veux pour preuve celui qui, sous le coup d’une impulsion, écrit un tweet, se rend compte qu’il n’est pas approprié et le retire, le commentaire consécutif ne tiendra compte que du fait que le message a été écrit, donc réfléchi et assumé en pleine conscience, par conséquent cet acte doit être condamné avec la plus grande fermeté, c’est d’autant plus vrai si c’est un trait d’humour… qui ose faire de l’humour en 2017 ? … Critiquer un élément revient à critiquer sa totalité. Si lors du journal télévisé j’ai l’impression qu’on sert la soupe à un parti politique populiste et que je l’exprime, ou si je conteste la fiabilité de certains sondages qui sont, selon moi, des pièges à clics tout aussi populistes et racoleurs, alors j’aurai commis le crime d’avoir critiqué l’ensemble du corps professionnel journalistique qui s’emploierait (si je représentais quelque chose) à me discréditer par tous moyens. De fait, j’ai de plus en plus l’impression que l’objectif n’est plus d’informer, d’éduquer mais de censurer et de condamner, de générer la petite phrase qui précipitera l’auteur au bûcher des vanités… Le risque étant par conséquent que, effrayés par ce traitement totalitaire de la pensée, nos concitoyens se résignent au pire en réaction à ce jusqu’au boutisme fanatique digne de l’inquisition, motivé notamment par la course aux espaces publicitaires.
Que penser par exemple de ces titres glanés au fil d’une recherche de 30 secondes :
Cyrille Eldin essaie de déstabiliser Laurence Haïm
« Monsieur pipi », « Mister Nobody », « Loser »: les surnoms de François Fillon peuvent-ils lui nuire ?
La blague de Vladimir Poutine sur Donald Trump et les « meilleures prostituées du monde »
« C à vous » : Yann Moix dézingue à nouveau l’émission d’Anne-Sophie Lapix
Dopage : Fourcade quitte prématurément la réunion avec la Fédération internationale…
François Hollande « sidéré par la bêtise » d’Anne Hidalgo
Ce sondage a de quoi inquiéter le PS… et un peu François Fillon
L’attitude de Barron Trump à l’investiture de son père fait marrer les internautes
Revenu universel. Benoît Hamon a-t-il rétropédalé ?
Suis-je le seul à ressentir la violence de ces mots ? A lire ces conditionnels qui ne traitent pas de faits mais sont le fruit de simples spéculations, quelle vérité peut sortir de cette information-spectacle ? Toute la journée la pression s’exerce sur les smartphones, tablettes, ordinateurs, boites mails, radios, télévisions, journaux papier, l’homme de la rue peut-il échapper à cette façon de raisonner ? Un autre point de rupture est la légitimité par le chiffre. Qu’importe la nullité si les chiffres sont importants, si ce billet est partagé des milliers de fois alors il deviendra référence, sinon il n’aura aucune valeur… Pour conclure, je ne parle qu’en mon nom, je ne représente personne, je suis ma propre voix et mes interrogations me sont personnelles. Je ne donne pas de leçons ni ne cherche à en recevoir, en revanche mon souhait serait qu’il y ait plus de recul, plus de vérité et moins d’interprétation, moins d’huile sur le feu et plus de compréhension. Est-ce déjà trop tard ?
Bien raisonner serait (prétendument) l’apanage d’êtres austères, hautains voire exécrables, hors du temps, détachés des basses contingences matérielles, qui ne consacreraient leur intellect qu’aux Idées les plus élevées sans autres loisirs… Je n’aurai pas l’audace de prétendre que Socrate et Kierkegaard étaient les rois du dancefloor, ou que nos compères Hobbes et Pascal s’adonnaient à l’art de la vanne, mais il est possible d’échapper à cette image d’Épinal et d’associer pour le meilleur, réflexion et Entertainment. En ce sens, Karl Lagerfeld, invité de l’émission Quotidien laissait échapper ce fin constat, alors que Yann Barthes se désolait du manque d’attention des spectateurs des défilés qui brandissent tous à l’unisson leur portable et ne regardent finalement rien, le Kaiser de la mode prenait le contre-pied du « c’était mieux avant » et de la condamnation stérile et bien pensante, en arguant qu’il s’agit pour lui d’un applaudissement silencieux, d’une coutume de l’époque, que rien ne s’oppose à l’accepter, puisqu’il en est désormais ainsi… Il y a là semble-t-il matière à une belle réflexion ! A quoi bon s’évertuer à soliloquer sur des vétilles, quand nous n’avons aucune volonté individuelle ou collective de transformer nos mots en actes, ne faudrait-il pas plutôt privilégier la pensée constructive ? On peut toujours s’appuyer sur les trois tamis de Socrate plus que jamais d’actualité pour justifier cette pensée : Un jour, un homme vint trouver le philosophe Socrate et lui dit :
– Ecoute, Socrate, il faut que je te raconte comment ton ami s’est conduit.
– Je t’arrête tout de suite, répondit Socrate. As-tu songé à passer ce que tu as à me dire au travers des trois tamis ?
Et comme l’homme le regardait rempli d’étonnement, l’homme sage ajouta :
– Oui, avant de parler, il faut toujours passer ce qu’on a à dire au travers des trois tamis.
Voyons un peu ! Le premier tamis est celui de la vérité. As-tu vérifié si tout ce que tu veux me raconter est vrai ?
– Non, je l’ai entendu raconter et…
– Bien, bien. Mais je suppose que tu l’as au moins fait passer au travers du deuxième tamis, qui est celui de la bonté. Ce que tu désires me raconter, si ce n’est pas tout à fait vrai, est-ce au moins quelque chose de bon ?
L’homme hésita puis répondit :
– Non, ce n’est malheureusement pas quelque chose de bon, au contraire…
– Hum ! dit le Sage, essayons de nous servir du troisième tamis, et voyons s’il est utile de me raconter ce que tu as envie de me dire…
– Utile ? Pas précisément…
– Alors, n’en parlons plus ! dit Socrate en souriant. Si ce que tu as à me dire n’est ni vrai, ni bon, ni utile, je préfère ne pas le savoir, et quant à toi, je te conseille de l’oublier…
N’est-ce pas le principe qui devrait être érigé en règle par nos médias ?
Un geste peut changer une vie collective, en particulier lorsqu’il est profondément humain, courageux, héroïque, encore faut-il que notre monde étriqué du tout pour moi et de l’image daigne s’en saisir, l’honorer et le porter comme un symbole de fraternité et non comme un vecteur de haine et d’opposition stérile. D’autant plus lorsque nos médias entachent le plus souvent l’acte d’éléments parasites sensationnels ou polémiques, accordant plus de valeur aux commentaires négatifs, cyniques, stupides émanant parfois et c’est plus grave, de journalistes ambitieux prêt.e.s aux tweets les plus racoleurs ou sulfureux pour leur quart d’heure de gloire, de politiques fanatiques qui se repaissent de la mort et de récupération, d’individus le plus souvent masqués sous pseudos, ignorants et intolérants qui stigmatisent jusqu’à la haine.
Beaucoup de nos maux sociétaux sont malheureusement parfois liés à ce quotidien profondément injuste qui accable les populations: Ambition des barons qui se gavent sur le dos des autres et asservissent leurs prétendus subalternes. Fanatisme des prédicateurs, bonimenteurs de tous horizons qui au fond méprisent leurs ouailles. Ignorance crasse et pleine de certitude de la meute… Comment ne pas en avoir marre ? Marre de cette information d’après coup qui laisse toujours entendre qu’on aurait dû éviter l’imprévisible, qui glorifie ceux qui ne méritent rien d’autre que le mépris. Marre de ces usurpateurs qui nous traitent comme des objets et jugent sur des critères décorrelés du réel qu’ils ne s’appliquent pas à eux mêmes. Marre des incivilités qui fragilisent toujours plus les rapports élémentaires. Marre des œillères de ceux qui se considèrent avec trop d’importance. Fatigué des extrémistes qui s’imaginent au paradis en nous faisant vivre l’enfer. D’avoir à compter tout le temps et de vivre dans la retenue et la crainte d’un lendemain prométhéen. Triste, pour tous ceux qui souffrent sans aucune exception. Las des amalgames et des raccourcis. Mais ragaillardi et plein d’espoir grâce à ces justes qui font jaillir la lumière des ténèbres, qui malgré la peine nous permettent d’entrevoir ce que serait un monde dans lequel régnerait la paix, la concorde et l’harmonie. Un idéal vers lequel tendre grâce à l’exemplarité, le sens du devoir et le perfectionnement, tout en restant vigilant, condamnant sans réserve l’ostracisme, la xénophobie et toutes les formes de rejets des autres. Vaste programme mais en définitive, avons-nous quelque chose de plus important à faire ?
“Chacun parle de l’opinion publique, entendant par là l’opinion publique, moins la sienne.” Chesterton
Aujourd’hui les médias parlent aux médias, des médias qui pour eux ne sont pas eux mais une tierce partie, sans jamais reconnaitre ou assumer leur responsabilité dans l’appauvrissement de l’information dont nous sommes victimes …
Pour rappel, chaque fait extra ordinaire, hypothétiquement marquant, ou réputé comme tel (c’est à dire en fait insignifiant, sans aucune portée, incidence, contemporaine ou historique) qui se déroule IRL (In Real Life) ou créé ex nihilo depuis les réseaux est systématiquement commenté, détourné, raillé, expliqué, décortiqué, analysé, mis en exergue, conspué, valorisé, démoli, ringardisé, dépouillé, jugé, par des individus théoriquement représentatifs d’eux mêmes, agissants en leur nom propre ou sous pseudo, au nom d’une institution, ou en qualité de gestionnaires de comptes. Il suffit d’un hashtag # pour créer un sujet qui rassemblera ensuite toutes les mentions. De fait, les journalistes, polémistes, commentateurs, chroniqueurs, font leurs moissons de bons mots, critiques acerbes, réflexions, pseudo tendances, au sein de cette manne 2.0.
En guise d’information nous avons donc le plus souvent droit à des effets soufflés, extractions de tweets, commentaires de photos d’instagram, youtube, copie de publications de facebook, des titres toujours plus racoleurs et de moins en moins de capacité à démêler le vrai du faux, ce qui ajoute toujours plus de crainte et d’amertume, de défiance chez la plupart de nos concitoyens. Ce qui pourrait réconcilier l’opinion et les médias ? Que les médias se jugent honnêtement et chassent les marchands du temple, ne poussent pas des cris d’orfraie à chaque fois qu’on remet en cause leur intégrité mais plutôt qu’ils condamnent les faux médias, artisans de propagande pour des intérêts privés et défendent bec et ongles ceux qui oeuvrent pour la vérité et le bien commun.
Ainsi Swâmi Râmdâs nous offre une magnifique citation d’adhésion. Qui, hors du provocateur ou de l’ignorant, serait assez fou pour contester ces mots. Qui voudrait opposer à cette réflexion un avis contraire ? Et pourtant chaque jour qui passe, nous nous évertuons à exalter cet Ego. Courir après des chimères éphémères. Désirer l’image. Sacrifier notre temps à vivre. Alors que faire ? Une seule réponse : Le libre arbitre.
Extrait de la Lettre à Ménécée : Prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n’est rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d’une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l’immortalité. Car il ne reste plus rien à redouter dans la vie, pour qui a vraiment compris que hors de la vie il n’y a rien de redoutable. On prononce donc de vaines paroles quand on soutient que la mort est à craindre non pas parce qu’elle sera douloureuse étant réalisée, mais parce qu’il est douloureux de l’attendre. Ce serait en effet une crainte vaine et sans objet que celle qui serait produite par l’attente d’une chose qui ne cause aucun trouble par sa présence. Ainsi celui de tous les maux qui nous donne le plus d’horreur, la mort, n’est rien pour nous, puisque, tant que nous existons nous-mêmes, la mort n’est pas, et que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort n’existe ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu’elle n’a rien à faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus. Mais la multitude tantôt fuit la mort comme le pire des maux, tantôt l’appelle comme le terme des maux de la vie. Le sage, au contraire, ne fait pas fi de la vie et il n’a pas peur non plus de ne plus vivre : car la vie ne lui est pas à charge, et il n’estime pas non plus qu’il y ait le moindre mal à ne plus vivre. Epicure
La fortune ne devrait être possédée que par les gens d’esprit : autrement, elle représente un danger public. Nietzche La vanité d’autrui n’offense notre goût que lorsqu’elle choque notre propre vanité Nietzche Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie. Sénèque Fais chacun de tes actes comme si c’était le dernier de ta vie. Marc Aurèle Il n’y a rien à redouter dans le fait de vivre, pour qui a authentiquement compris qu’il n’y a rien à redouter dans le fait de ne pas vivre. Epicure “Personne, voyant le mal, ne le choisit, mais attiré par l’appât d’un bien par un mal plus grand que celui-ci, l’on est pris au piège.” Epicure
Des nombreuses personnes que j’ai rencontré jusqu’à présent et qui m’ont raconté leur parcours, il me semble n’avoir jamais entendu autre chose que des récits de résistants et de victimes. Jamais lâches, jamais oppresseurs. N’ayant pas l’intention d’accabler l’autre et de m’accorder le beau rôle, je suis de ceux qui se prévalent le plus souvent d’être une victime et lorsque je bombe un peu le torse, je suis le premier des résistants. Pour Philip K. Dick, La réalité n’est qu’un point de vue et Obi-Wan enseignait à Luke que beaucoup de vérités auxquelles nous tenons dépendent avant tout de notre propre point de vue… De la Lettre à Ménécée en préambule, à chacune des citations, tout n’est question que de point de vue et de perception. De réalité et d’illusion. Et puis il y a des mots qui raisonnent, qui accompagnent, des musiques qui véhiculent, des émotions qui guident, l’intuition, le discernement, le devoir, le travail, l’abandon dans l’idéal pour se rapprocher de sa destination, accepter cette idée tirée d’Into the wild de Jon Krakauer : Il y a tant de gens qui ne sont pas heureux et qui, pourtant, ne prendront pas l’initiative de changer leur situation parce qu’ils sont conditionnés à vivre dans la sécurité, le conformisme, toutes choses qui semblent apporter la paix de l’esprit, mais rien n’est plus nuisible à l’esprit aventureux d’un homme qu’un avenir assuré. Le noyau central de l’esprit vivant d’un homme, c’est sa passion pour l’aventure. La joie de vivre vient de nos expériences nouvelles et donc il n’y a pas de plus grande joie qu’un soleil chaque jour, nouveau et différent. Si tu veux obtenir plus de la vie, il faut perdre ton inclinaison à la sécurité monotone et adopter un mode de vie qui te paraitra dans un premier temps insensé. Mais une fois que tu seras habitué à une telle vie, tu verras sa véritable signification et son incroyable beauté.
Faire de chaque jour, le premier du reste de ta vie ? Un matin comme tous les autres Un nouveau Paris Rechercher un peu de magie Dans cette inertie morose Clopin clopan sous la pluie Jouer le rôle de sa vie Puis un soir le rideau tombe C´est pareil pour tout l´monde Rester debout mais à quel prix Sacrifier son instinct et ses envies Les plus essentielles Mais tout peut changer aujourd’hui Et le premier jour du reste de ta vie Plus confidentiel Pourquoi vouloir toujours plus beau Plus loin plus haut Et vouloir décrocher la lune Quand on a les étoiles Quand les certitudes s´effondrent En quelques secondes Sache que du berceau à la tombe C´est dur pour tout l´monde Rester debout mais à quel prix Sacrifier son instinct et ses envies Les plus confidentielles
‘Cause yesterday’s got nothin’ for me
Old pictures that I’ll always see
Some things could be better
If we’d all just let them be … Guns n’ Roses
Un pedigree de Patrick Modiano est sorti en 2005, un sacré bon livre d’après la critique de l’époque. Édouard Baer l’a adapté au théâtre, j’en suis ravi parce que j’adore Édouard Baer. En ce qui concerne Modiano c’est différent. Il a eu le prix Nobel de littérature, une incontestable preuve de qualité pour ceux qui considèrent que la récompense fait l’oeuvre, mais pour ma part c’est juste le mec qui, en se cherchant, a trouvé mon grand-père, Henri Lagroua. Une identité jetée dans ces quelques lignes et désormais figée dans une histoire que je ne peux ni confirmer, ni démentir : (..) Mon père utilise une carte d’identité au nom de son ami Henri Lagroua. Dans mon enfance, à la porte vitrée du concierge, le nom «Henri Lagroua» était resté depuis l’Occupation sur la liste des locataires du 15 quai de Conti, en face de «quatrième étage». J’avais demandé au concierge qui était cet «Henri Lagroua». Il m’avait répondu: ton père. Cette double identité m’avait frappé. (…) Bien plus tard j’ai su qu’il avait utilisé pendant cette période d’autres noms qui évoquaient son visage dans le souvenir de certaines personnes quelque temps encore après la guerre. Mais les noms finissent par se détacher des pauvres mortels qui les portaient et ils scintillent dans notre imagination comme des étoiles lointaines. (..).
Malheureusement mon grand-père est parti trop tôt, emportant avec lui ses souvenirs et sa vérité. Aujourd’hui quand je tape son nom sur internet, en quête d’éventuelles nouvelles informations à son sujet, c’est la seule occurence que je trouve. Il n’y a même pas de liens avec sa cousine Marie Andrée Lagroua Weill Hallé, fondatrice du Mouvement français pour le planning familial, ou avec son père, Henri Lagroua, Gouverneurs des Etablissements de l’Inde en 1926, sa belle soeur Bella Darvi, actrice ou Denise Wegier qui fut sa femme et ma grand-mère. Il n’est que le prête nom de Modiano. Vous me direz dans ce monde qui considère l’anonymat comme un échec fondamental, c’est déjà quelque chose. Alors que faire ? Forger une nouvelle histoire ? Rebattre les cartes du temps ? lui donner le premier rôle ? Ecrire ce livre dont il sera le héros ?
Tout pourrait commencer à Pondichéry en Inde Française, à l’époque où son père était gouverneur et lui un jeune enfant. A cette époque, Henri ne rêve pas. Il vit dans un rêve. Le noir et blanc que l’on associe au début du XX° siècle devient couleurs brulantes, couleurs de pierres précieuses, parfums d’épices et faste d’autrefois. Henri pose solennellement pour une photo qu’il gardera toujours dans son portefeuille, devant la Rolls-Royce qui l’emmène de réceptions en ambassades, lorsque le protocole exige sa présence. Le reste du temps, du haut de ses 8 ans, le teint halé par le soleil, habillé d’un pantalon en lin blanc, le plus souvent torse nu, il arpente les jardins, couloirs, cuisines et autres pièces mystérieuses du palais, en quête d’aventures…
Les yeux rivés sur le smartphone, dealer institutionnalisé d’informations conditionnelles, de clichés déshumanisés, de jeux addictifs, d’amitiés sans affect et d’égos sans limites, je finalise mes réflexions d’adhésion. Celles-ci sont désormais dénuées d’esprit critique, de doute philosophique, spirituel ou même rationnel, limitativement façonnées par les notifications – dépêches assenées en temps continu – petites phrases citées toujours hors contexte, gros titres sensationnalistes et paroxystiques, relayés pour acceptation définitive, aussi promptement par la radio et la télévision, solides soutiens de la propagande anti mixité culturelle, drivés par des êtres aux sourires, à la plastique et à la bonne humeur quasi éternelle (a-t-on déjà vu ou entendu un présentateur, animateur s’appesantir sur ses problèmes et faire la gueule ?)
L’algorithme qui me connait désormais mieux que moi même, décide en temps réel de ce que je dois aimer et de ce que je dois croire, consommer, approuver ou contester. Docile victime consentante, je me laisse bercer par les mélopées de ces sirènes aux chants alarmistes, infantilisants ou manichéens et je me targue de mes glorieuses certitudes et de ma vanité exaltée, persuadé d’être en accord avec mon moi profond, dans la « vérité » de l’existence, dans la transcendance et l’immanent, dans l’absolu et la déité. Mon pseudo avis est sans cesse conforté par les commentaires et autres tweets qui n’ont en définitive pour fonction que de m’éloigner un peu plus de ma propre opinion forgée par un substrat d’esprit critique. Alors comment échapper à cette spirale infernale, comment (re)devenir un être doué de raison et d’amour agapé, comment ne pas sombrer dans le désespoir ?
Il est toujours possible d’être cynique, de s’accommoder de cette situation et plutôt que de subir, d’en devenir un acteur majeur. Ce serait probablement terrible sur le plan moral, mais qui pourrait le reprocher dans un monde dans lequel plus personne n’accorde d’importance ni de valeur à ces cas de conscience ? Souffrir et continuer le combat ? Chaque échange avec un autre humain potentiellement réceptif qui s’interrogerait sur ces états de fait devenant une victoire qui permettrait de se sentir moins seul et de (re)prendre foi en l’Humanité ? Se laisser bercer par le système et en devenir un simple soldat ni heureux, ni malheureux, juste vivant au sens utilitaire du terme ? Ou alors attendre passivement que cela change, misant tout sur ce fameux jour, si cher aux rêveurs, qui espèrent l’amélioration de leur condition, la réalisation de leurs prières, que le ON qu’ils estiment le plus daigne enfin ouvrir enfin les yeux et réalise qu’ils sont les véritables artisans de la VIE et qu’ils en soient généreusement récompensés tel que cela se doit dans un monde juste et parfait …
Pour information ou par soucis de rappel aux érudits, Peter Ferdinand Drucker est né le 19 novembre 1909 à Vienne en Autriche, mort le 11 novembre 2005 à Claremont en Californie aux États-Unis, est un professeur, consultant américain en management d’entreprise, auteur et théoricien.
Les mots de l’auteur m’apparaissent pertinents et servent mon propos. Mais je ne connaissais ni son oeuvre, ni sa vie, encore moins son existence, jusqu’à la découverte de sa citation. Je l’ai piochée et utilisée parmi un panel de phrases prêtes à l’emploi. Pour être franc et transparent, je m’en fous complètement. Cela ne me pose aucun cas de conscience. Était-ce d’ailleurs, précisément, un acte volontaire ? Ma pensée la plus fidèle ? N’ai-je pas, tout simplement, eu le réflexe de me l’approprier, par peur de la portée de mes propres mots, phrases, idées écrites, qui risque d’être figées dans la silice du cloud et par conséquent à tout jamais opposable ? Dans notre société globalisée, ce qui a été dit est dit et il n’est pas possible d’y revenir. Nous avons réinventé la régression. La privation pure et simple de progression. Tout ce que nous devons savoir est à notre portée. Calculé par un prétendu algorithme. A quoi bon prendre des chemins de traverse ? A quoi bon risquer sa réputation en émettant une idée qui ne sera pas retenue, exprimer un point de vue différent ? La différence s’exprime dans le choix des 5 couleurs primaires des coques du smartphone ou des sneakers. La différence s’exprime par la capacité financière à consommer du premium, du standard ou du premier prix. N’en déplaise aux émancipateurs, à celles et ceux qui oeuvrent pour un autre monde, qui se retrouvent bien malgré eux pris au piège dans le même labyrinthe… Les plus conscients ont encore quelques sursauts intellectuels, de simples velléités, mais ils sont systématiquement (ré)intégrés dans le système. L’auto censure devient la règle. La pensée s’exprime grâce aux mots les plus utilisés sur le clavier du téléphone. Pourquoi irai-je en chercher d’autres. Pourquoi chercher à compliquer les choses, alors que notre principal souci est la vitesse, l’efficacité, la capacité à faire du multitasking. Etre toujours plus pertinents et simples… Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. Une dystopie peut également être considérée, entre autres, comme une utopie qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre-utopie. Saurez-vous entendre ce qui n’est pas dit ?
MOI, JE, MON, MA, MES, J’ ME : Miroir mon beau miroir, pourquoi serais-je assez fou pour te poser la question ?alors que moi je suis seul dans l’univers, magistère auto proclamé, référence absolue, perfection, étant omniscient – omnipotent – omniprésent, sans égal ni rival, roi, empereur, démiurge. Apollon jalouse ma beauté, Hercule envie ma force, Narcisse s’est noyé à nouveau en voyant mon reflet, mes milliards de suiveurs, brebis attestent de cet état de fait. Vaniteux ? Qui ose remettre en question mon avis ? J’ai raison, toujours, tout le temps, peu importe le sujet, je suis l’autorité. Dans tous les médias je fais la loi, d’ailleurs les médias c’est Moi. L’admiration sans borne de ma notoriété prouve que je suis humble comparé à ces âmes prêtes à tout pour un simple regard de ma part. J’ai tout, je suis tout, reposez-vous simples mortels, le soleil tente de briller pour capter mon regard mais je ne lui offre qu’un air dédaigneux. Je suis la quintessence, l’oeuvre passée au rouge, au noir, l’or vit en moi. Qui suis-je ? Ego, Egoïsme, Egotisme, Egocentrisme, Ignorance. Intolérance. Cupidité. Ambition. Fanatisme … Je suis tout ce qui t’éloigne de ton humanité. Je suis l’image et non point la réalité … Je suis l’envie. Je suis le superficiel. Je suis l’indifférence. L’esclavagiste. Le railleur. Je suis obnubilé par ma personne qui est le centre et le tout … Le Je du XXI° S est la pire engeance et le pire prédateur que le monde ait connu…
[Injonction] : Ordre, commandement ; le verbe correspondant est enjoindre.
J’apprécie lorsque les médias, qui ont la capacité à le faire, et qui le font vertueusement par soucis de sensibiliser le plus grand nombre à l’excellence et en toute indépendance, conseillent ce qu’ils estiment être les meilleures oeuvres culturelles du moment. C’est même, si j’ose dire, une vraie prérogative inhérente à leur existence, sinon quelle serait leur raison d’être ? La publicité ? Cependant, sur la forme, nul besoin de m’intimer d’ordre, de me mettre la pression avec un impératif, de m’obliger… sinon, quid de la prochaine étape : menace, répression ? J’entends qu’il faut rivaliser d’ingéniosité pour inciter le chaland à cliquer, il en va de même des vidéos de Brut, Konbini etc. qui outre l’uniformisation (format, durée, typo, rythme, anecdotiques, sans soucis de fond) usent en définitive de la même violence pour racketer le clic ou la vue. Est-il possible de lutter ? Probablement ! En reportant son clic ou sa vue sur un autre support plus qualitatif par exemple, mais loin de moi l’idée de vous intimer l’ordre de le faire …