La science et la spiritualité éclairent chacune à sa façon la vie des hommes : pourquoi ne seraient-elles pas complémentaires ? Les connaissances scientifiques et spirituelles seraient trop étrangères l’une à l’autre pour que leur confrontation puisse être autre chose qu’un dialogue de sourds. C’est à faire mentir cet antagonisme que s’attachent ici Matthieu Ricard et Trinh Xuan Thuan.
Il ne faut pas vouloir les bloquer, mais remonter à leur source et regarder leur nature première. On s’aperçoit alors que les pensées n’ont pas le pouvoir d’aliénation qu’on leur prête. Si on les examine, on découvre qu’elles s’évanouissent au fur et à mesure qu’on les scrute. Elles viennent de nulle part et n’ont nulle part où aller lorsqu’elles disparaissent. Leur apparente solidité s’évanouit comme la gelée matinale fond sous les rayons du soleil. Ensuite, on peut demeurer dans la simplicité primordiale de l’esprit, la clarté naturelle de l’instant présent, la sérénité immuable de la transparence ultime de l’esprit, sans évoquer le passé ni imaginer l’avenir, sans espoir ni crainte. Cet exercice n’aurait aucun intérêt en soi si, maintes fois répété, il ne conduisait à reconnaître le caractère insaisissable des pensées. Cette reconnaissance de leur vacuité nous libère de leur emprise. Les pensées perturbatrices perdent peu à peu leur pouvoir de soulever en nous des tempêtes intérieures et de nous rendre négatifs envers les autres. Au fil du temps, on devient expert dans ce processus de libération et, lorsque les pensées surviennent, on les regarde aller et venir comme un vieil homme tranquille regarde des enfants jouer.