Et si nos médias s’allongeaient sur quelques divans de psychiatres, et se libéraient enfin de la dépression dans laquelle ils se complaisent au quotidien depuis l’émergence des Internets ? Et que, par voie de conséquence, se raréfiaient les vindictes de lecteurs – commentateurs, toujours plus excités par les idées de haine, de division et d’intolérance, dommages collatéraux causés par leur lugubre logorrhée ?
Est-il permis d’espérer, à l’avenir, un traitement de l’information neutre, objectif et qui sait, quand le sujet s’y prête bienveillant ? Cela semble malheureusement compromis, Eric Schmidt, ancien patron de Google a récemment déclaré à propos du vaste web : « Je pense que le scénario le plus probable à présent n’est pas une séparation, mais plutôt une bifurcation avec d’un côté un leader d’internet chinois et de l’autre un leader d’internet américain ».
Il devient nécessaire de faire, si ce n’est l’apologie, au moins la promotion des acteurs de la diversité culturelle, dont la portée est malheureusement reléguée en page 15 ou 16 du tout puissant moteur de recherche.
Faut-il, pour autant, en déduire qu’une faible audience est la garantie d’une liberté plus grande ? Non pas ! Il convient d’être aussi vigilant et alerte que pour des médias classiques, afin d’éviter d’être influencé ou manipulé par des illuminés persuadés d’être détenteurs de la vérité ou du bon goût. Cependant on constate parfois de véritables envolées lyriques, ou gloses profondes d’humbles experts en musique, littérature, cinéma, arts graphiques, etc. adorateurs sincères et dévoués, de genres oubliés ou plongés dans les ténèbres propres aux déchus de la mode. En ce sens, les tenants de l’immédiat et du mainstream, requins sans scrupules, n’hésitent d’ailleurs jamais à racketter ces sources de savoir acquis parfois de longue date, le jour où la nécessité se fait sentir (retour en grâce, mise en lumière par un roi du jour).
Alors n’hésitons pas à arpenter les rues biscornues et à priori mal achalandées des Internets plutôt que les vastes avenues des agrégateurs de news, vers lesquelles nous sommes guidés à l’instar de vulgaires touristes.
Le prix à payer pour ce regain de liberté ? Un temps de chargement parfois plus long, des templates éculés, le déni des prétendues best practices…
Le contenu privilégié sur le contenant.
Illustration : Anton Van Dalen 2006 The Human Life in the Electronic Age #10
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