Les futurs historiens spécialisés dans l’étude de la fin du XXEME Siècle, début du XXIEME consacreront des thèses voire des volumes entiers, à l’ère des réseaux sociaux et à ses phénoménales conséquences sur le monde occidental globalisé… Tweeterisation de la pensée, facebookisation des groupes humains, Tinderisme des rapports amoureux, Instagramisation de l’égo… L’altérité induite par le prisme de l’écran nomade sera disséquée, analysée et fera, n’en doutons point, l’objet de controverses passionnées…
Pourtant, à la question de l’origine du commencement de la genèse, de pourquoi et comment ce marasme s’est propagé comme une gangrène dans la jambe de bois d’un pirate, les caciques du turfu seront probablement bien en peine d’apporter une réponse satisfaisante à cette vibrante question, mais comme d’ici là le mot vérité n’aura certainement plus aucune valeur… à quoi bon s’en faire ? C’est donc au présent et en qualité de pré geek de la génération X que nous allons exegetiser les origines de ce gigantesque bordel 2.0
Dans les années 80-90, globalement un ordinateur, c’était une machine « dévolue » au jeu (Amiga, Atari, Amstrad…), ou à la bureautique (IBM, Apple, Bull) pour celles et ceux qui auraient du mal à déceler l’ironique nostalgie du propos, nous vous laissons le soin de redécouvrir les magazines Tilt et Génération PC afin de bien comprendre le sens du propos. Pour faire simple, l’ordinateur était basiquement un « truc » professionnel, d’ingénieurs ou de traders, Un objet imposant aux usages limités et au langage complexe. La majorité de la population considérait que c’était de la connerie, un épiphénomène sans véritable valeur ajoutée, car à cette époque on passait la carte bleue au sabot, en France on faisait ses recherches de transports ferroviaires sur minitel et c’était bien ainsi.
Puis, vint l’heure de la démocratisation digitale, avec la promesse de la multiplication des fonctionnalités, l’amélioration de l’ergonomie, la miniaturisation etc. des grappes de nouveaux utilisateurs furent séduits par l’interface windows ou mac, par la possibilité de graver des disques lasers, par l’internet naissant. Néanmoins la majorité de ces convertis à la technologie ayant appris à courir avant de marcher, ne se sont jamais familiarisés avec les règles implicites de l’informatique inhérentes au numérique. Encore aujourd’hui rares sont ceux qui acceptent que « ça ne marche pas », rares sont ceux qui considèrent qu’au delà de l’affichage il y a des lignes de codes, une hiérarchie, des infrastructures, des règles… C’est ainsi que forts de leur ignorance crasse et de la suffisance caractéristique à l’espèce humaine, ils se sont emparés des réseaux et des machines. De fait, mal éduqués et inconsciemment fiers de pouvoir saccager de nouveaux territoires, ils galvaudèrent les usages, nivelèrent par le bas les immenses possibilités offertes par ces outils, transformèrent peu à peu l’internet en un ersatz de télévision à la publicité despotique et féroce, expurgèrent les échanges et les conversations de leur dimension humaine, s’arrogèrent le droit de faire tout et n’importe quoi… Voilà comment aujourd’hui certains pensent comme ils tweetent, voilà pourquoi l’homme souffre aussi dans le monde virtuel… Mais, ne soyons pas pessimistes, il y a toujours de l’espoir…