La Société du spectacle est un livre de Guy Debord publié en 1967. La phrase d’ouverture est un détournement de la phrase d’ouverture du Capital de Karl Marx : « La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une « immense accumulation de marchandises« . » (Première phrase de Marx) « Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. » (Première phrase de la Société du Spectacle) Le livre est agencé comme un essai politique utilisant la forme de la thèse, et non comme un ouvrage de philosophie, dont il dit qu’elle doit trouver sa réalisation et non plus sa discussion, pour reprendre le mot de Karl Marx. En cela il expose son sujet de manière affirmative plutôt que discursive, il ne cherche pas à démontrer, ou même à convaincre, mais à montrer : un exemple dans la sobriété de sa thèse 9, qu’il énonce en une seule ligne : « Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux. » Ce relatif laconisme comparé à d’autres ouvrages situationnistes comme ceux de Raoul Vaneigem rendit relativement difficile les commentaires ultérieurs du texte, par l’usage de Guy Debord du style hégelien. Si Guy Debord fait apparaître dans son livre une interprétation de la critique marxienne du fétichisme de la marchandise développée dans le premier chapitre du premier livre du Capital (1867), elle-même faisant suite à la théorie de l’aliénation exposée dans ses Manuscrits de 1844, son originalité se situe précisément dans la description de l’avance contemporaine du Capital sur la vie de tous les jours, dans les moyens qu’il emploie et dans ses finalités modernes de conquête, dans son emprise sur le monde à travers la marchandise.