« Il faut qu’il croisse, et que je diminue. » Jean 3:30 Les plus grands penseurs, théoriciens, exégètes, théologiens, logisticiens, philosophes, croyants, athées, ont cherché et cherchent peut être encore parmi ces quelques mots assemblés en phrase : une raison, un but, un sens, une Vérité.
Selon Saint Augustin : « Jean a été diminué parce qu’on lui trancha la tête, et le Sauveur a grandi parce qu’il a été élevé en la croix. La Vérité a fait naître la haine. Les avertissements du saint homme de Dieu n’ont pu être supportés sans irritation par ceux dont il cherchait le salut. Ils lui ont rendu le mal pour le bien. Que dirait-il, en effet, sinon ce dont il a l’âme remplie ? Et que répondraient-ils, sinon ce dont leur cœur est plein ? Lui, il a semé le bon grain, mais il n’a trouvé que des épines… »
Saint Exupéry : « Si je te faisais don d’une fortune toute faite, comme il en sort d’un héritage inattendu, en quoi t’augmenterais-je? Si je te faisais don de la perle noire du fond des mers, hors du cérémonial des plongées, en quoi t’augmenterais-je ? Tu ne t’augmentes que de ce que tu transformes, car tu es semence. Il n’est point de cadeau pour toi. C’est pourquoi je veux te rassurer, toi qui te désespères des occasions perdues. Il n’est point d’occasions perdues. Tel sculpte l’ivoire et change l’ivoire en visage de déesse ou de reine qui frappe au coeur. Tel autre ciselle l’or pur et peut-être, le profit qu’il en tire, est-il moins pathétique aux hommes. Ni à l’un ni à l’autre l’or ou le simple ivoire n’ont été donnés. L’un et l’autre n’ont été que chemin et voie et passage. Il n’est pour toi que matériaux d’une basilique à bâtir. Et tu ne manques point de pierres. Ainsi le cèdre ne manque point de terre. Mais la terre peut manquer de cèdres et demeurer lande caillouteuse. De quoi te plains-tu ? Il n’est point d’occasion perdue car ton rôle est d’être semence. Si tu ne disposes point d’or, sculpte l’ivoire. Si tu ne disposes point d’ivoire, sculpte le bois. Si tu ne disposes point de bois, ramasse une pierre. (…) Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. »
Et l’on comprendra mieux la finalité du titre grâce à Mozart : “Le vrai génie sans coeur est un non-sens. Car ni intelligence élevée, ni imagination, ni toutes deux ensemble ne font le génie. Amour ! Amour ! Amour ! Voilà l’âme du génie.”
Source illustration : Robert Crumb