Pour information ou par soucis de rappel aux érudits, Peter Ferdinand Drucker est né le 19 novembre 1909 à Vienne en Autriche, mort le 11 novembre 2005 à Claremont en Californie aux États-Unis, est un professeur, consultant américain en management d’entreprise, auteur et théoricien.
Les mots de l’auteur m’apparaissent pertinents et servent mon propos. Mais je ne connaissais ni son oeuvre, ni sa vie, encore moins son existence, jusqu’à la découverte de sa citation. Je l’ai piochée et utilisée parmi un panel de phrases prêtes à l’emploi. Pour être franc et transparent, je m’en fous complètement. Cela ne me pose aucun cas de conscience. Était-ce d’ailleurs, précisément, un acte volontaire ? Ma pensée la plus fidèle ? N’ai-je pas, tout simplement, eu le réflexe de me l’approprier, par peur de la portée de mes propres mots, phrases, idées écrites, qui risque d’être figées dans la silice du cloud et par conséquent à tout jamais opposable ? Dans notre société globalisée, ce qui a été dit est dit et il n’est pas possible d’y revenir. Nous avons réinventé la régression. La privation pure et simple de progression. Tout ce que nous devons savoir est à notre portée. Calculé par un prétendu algorithme. A quoi bon prendre des chemins de traverse ? A quoi bon risquer sa réputation en émettant une idée qui ne sera pas retenue, exprimer un point de vue différent ? La différence s’exprime dans le choix des 5 couleurs primaires des coques du smartphone ou des sneakers. La différence s’exprime par la capacité financière à consommer du premium, du standard ou du premier prix. N’en déplaise aux émancipateurs, à celles et ceux qui oeuvrent pour un autre monde, qui se retrouvent bien malgré eux pris au piège dans le même labyrinthe… Les plus conscients ont encore quelques sursauts intellectuels, de simples velléités, mais ils sont systématiquement (ré)intégrés dans le système. L’auto censure devient la règle. La pensée s’exprime grâce aux mots les plus utilisés sur le clavier du téléphone. Pourquoi irai-je en chercher d’autres. Pourquoi chercher à compliquer les choses, alors que notre principal souci est la vitesse, l’efficacité, la capacité à faire du multitasking. Etre toujours plus pertinents et simples… Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. Une dystopie peut également être considérée, entre autres, comme une utopie qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre-utopie. Saurez-vous entendre ce qui n’est pas dit ?
MOI, JE, MON, MA, MES, J’ ME : Miroir mon beau miroir, pourquoi serais-je assez fou pour te poser la question ?alors que moi je suis seul dans l’univers, magistère auto proclamé, référence absolue, perfection, étant omniscient – omnipotent – omniprésent, sans égal ni rival, roi, empereur, démiurge. Apollon jalouse ma beauté, Hercule envie ma force, Narcisse s’est noyé à nouveau en voyant mon reflet, mes milliards de suiveurs, brebis attestent de cet état de fait. Vaniteux ? Qui ose remettre en question mon avis ? J’ai raison, toujours, tout le temps, peu importe le sujet, je suis l’autorité. Dans tous les médias je fais la loi, d’ailleurs les médias c’est Moi. L’admiration sans borne de ma notoriété prouve que je suis humble comparé à ces âmes prêtes à tout pour un simple regard de ma part. J’ai tout, je suis tout, reposez-vous simples mortels, le soleil tente de briller pour capter mon regard mais je ne lui offre qu’un air dédaigneux. Je suis la quintessence, l’oeuvre passée au rouge, au noir, l’or vit en moi. Qui suis-je ? Ego, Egoïsme, Egotisme, Egocentrisme, Ignorance. Intolérance. Cupidité. Ambition. Fanatisme … Je suis tout ce qui t’éloigne de ton humanité. Je suis l’image et non point la réalité … Je suis l’envie. Je suis le superficiel. Je suis l’indifférence. L’esclavagiste. Le railleur. Je suis obnubilé par ma personne qui est le centre et le tout … Le Je du XXI° S est la pire engeance et le pire prédateur que le monde ait connu…
[Injonction] : Ordre, commandement ; le verbe correspondant est enjoindre.
J’apprécie lorsque les médias, qui ont la capacité à le faire, et qui le font vertueusement par soucis de sensibiliser le plus grand nombre à l’excellence et en toute indépendance, conseillent ce qu’ils estiment être les meilleures oeuvres culturelles du moment. C’est même, si j’ose dire, une vraie prérogative inhérente à leur existence, sinon quelle serait leur raison d’être ? La publicité ? Cependant, sur la forme, nul besoin de m’intimer d’ordre, de me mettre la pression avec un impératif, de m’obliger… sinon, quid de la prochaine étape : menace, répression ? J’entends qu’il faut rivaliser d’ingéniosité pour inciter le chaland à cliquer, il en va de même des vidéos de Brut, Konbini etc. qui outre l’uniformisation (format, durée, typo, rythme, anecdotiques, sans soucis de fond) usent en définitive de la même violence pour racketer le clic ou la vue. Est-il possible de lutter ? Probablement ! En reportant son clic ou sa vue sur un autre support plus qualitatif par exemple, mais loin de moi l’idée de vous intimer l’ordre de le faire …
Cette citation de Eric Miles Williamson tirée de son ouvrage Welcome to Oakland symbolise bien notre époque, où ceux qui font sont systématiquement jugés sur le fallacieux argument ontologique de la perfection. Car qu’est-ce qui est parfait, si ce n’est la perfection elle même, ou pour les spiritualistes l’être suprême ? Aujourd’hui, faire, c’est prendre le risque de s’exposer à plusieurs difficultés, la première étant bien entendu liée à l’acte de création, quelque soit le talent, la production entreprise et l’expérience, il y a toujours un risque d’échec, de ne pas arriver au bout, d’entreprendre un travail au dessus de ses forces et par conséquent de renoncer, d’abandonner, ou pire de se persuader qu’on ne peut pas réussir, alors qu’il suffit parfois de se faire violence. La deuxième difficulté est l’avis des autres, usuellement l’autre n’aime pas la prise de risque, ce qui est différent, ce qui sort des sillons tracés par les aspérités de l’éducation, de la morale, des certitudes, des préjugés. A l’inverse il y a le surconfiant qui n’arrange rien, qui fait des plans sur la comète, s’enflamme, n’a aucune mesure ou objectivité. Sartre dirait que le choix a déjà été fait, celui qui entreprend s’attache à l’avis extérieur par pur formalisme sociétal mais qu’il ne renoncera pas à une décision entérinée en son for intérieur. Il existe une troisième difficulté qui échappe à ce raisonnement assez conformiste, résultante de notre appétence pour les réseaux, la critique anonyme, masquée, sans mobile, sans motivation, qui peut s’abattre telle la foudre sur l’insensé qui diffuserait sur Internet. Celle-là peut faire voler en éclat les résolutions des plus motivés, des plus courageux. Le rire sardonique qui s’entend dans un commentaire méprisant, le pouce baissé sans justification. La trappe de la télé réalité où le candidat n’est là que pour alimenter en chair humaine la grande machine du spectacle. Faut-il tourner le dos à ses rêves et ne plus avancer ? Non pas, il faut être cependant capable, à l’instar de Eric Miles Williamson de se forger une posture, une attitude, s’engager dans son Art sans équivoque, ni regret, ni remord, ni rancoeur. « Fais ce que tu dois, advienne que pourra. »
Il ne s’agit pas du titre d’un album de Kraftwerk, encore moins d’une référence à un obscure groupe de proto-electro-punk. Fusible 10a est tout simplement le nom du plomb qui a sauté dans ma salle de bain. J’ai hésité à poster sa photo sur Instagram et sur Twitter, avec des hashtags bien sentis comme : #shinealight #putainjpetelesplombs #paslalumiereatouslesetages, mais même avec des super filtres, on peut légitimement convenir que, dans l’absolu, ça n’a aucun intérêt ou valeur ajoutée. Ni pour vous ni pour moi. Pourtant, après réflexion, il me semble qu’il n’y a pas plus de vie, d’imagination, de légitimité dans cet hypothétique cliché, que dans ceux que postent à longueur de journées et de nuits nos contemporains, tellement fiers d’afficher leur anatomie, le soleil, leurs chaussures de course, la mer, la piscine, l’assiette vide ou pleine, la salle de sport, le panneau de signalisation, la télévision, l’objet inanimé, le fruit, le légume, leur avis sur le tout et sur le rien, surtout sur le rien… Est-ce un automatisme, une forme de narcissisme normée et revendiquée, ou le fruit d’une réflexion construite ? Quid du sens artistique, de l’intention, du but ? Dénuée d’une ambition créatrice, l’exhibition devient crue et malsaine, en ce sens le préfixe #porn traduit bien cela, une exposition froide et sans affect, mécanique et aseptisée. On pourrait aussi parler de #porn news, #porn politique, # porn philo, #porn music, etc. « L’autonomie de la volonté est le principe unique de toutes les lois morales et des devoirs qui y sont conformes. » (Emmanuel Kant / Critique de la raison pratique)
Au centre des débats publics, c’est à dire du café du commerce 3.0, l’Intelligence Artificielle ne cesse désormais d’être décriée et fustigée comme la pire des menaces possible par les autoproclamés chantres de l’humanitude. Spéculations, lamentations, indignations, condamnations, mises en garde prophétiques autour des conditionnelles conséquences de l’avènement du robot intelligent, sur l’emploi, sur la vie, sur le devenir de l’espèce, sur la morale …
À lire et à entendre ces sempiternels oracles de malheur, nous serons bientôt les esclaves d’êtres faits de processeurs et de silicone, incapables d’intelligence émotionnelle et de discernement … Au passage, une petite pensée pour toutes les victimes sans distinction ni catégorisation, ni hiérarchie, qui au passé, au présent et au futur souffrent à cause du prétendu Humain. Les robots seraient pire ? Pire que quoi ? Au cours du temps nous avons repoussé les limites du pire, de la violence, de la bêtise, de la méchanceté, de l’indifférence, nous sommes de moins en moins sensibles à la vraie douleur, trop occupés à nous apitoyer sur les contes de l’écran, trop égotistes, à vouloir tout, tout de suite, à désirer une réponse sans poser de question et à rejeter sans distinction l’accessible et l’ineffable. Aurais-je moins confiance dans une machine, si celle-ci contenait un principe éthique encodé dans son noyau, que dans un humain soi disant doté d’un libre arbitre mais dévoyé ?
Pour Alan Turing : « Les tentatives de création de machines pensantes nous seront d’une grande aide pour découvrir comment nous pensons nous-mêmes » a contrario Stephen Hawking prédit que l’intelligence artificielle pourrait mettre fin à la race humaine… Selon la définition du Larousse l’intelligence est à la fois: L’ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle. L’aptitude à s’adapter à une situation, à choisir des moyens d’action en fonction des circonstances. Etre pensant capable de comprendre, de réfléchir, de connaître et qui adapte facilement son comportement à ces finalités. La capacité de saisir une chose par la pensée…
Est-ce que le développement de l’intelligence artificielle se limite à un caprice de l’homme démiurge ? Sommes-nous destinés à créer le « surhomme » pour nous dépasser ? Quid de la création, de l’art, de l’éthique, de l’ontologie, de l’amour… Nos perspectives : Westworld ? 2001 l’odyssée de l’espace ? Black Mirror ? A définir hors des stéréotypes de l’entertainement, du manichéisme et du profit immédiat ?
Rien n’incarne plus l’époque que cette triviale interjection associée désormais à la fonction « bon coin » de Facebook (mais si, l’icône petite boutique au centre de votre barre de menus, entre les gens qu’on appelle amis et les sempiternelles notifications), parce qu’il est inutile de vous demander ce que vous souhaitez acheter. Les photos idéalement positionnées grâce à une parfaite étude du comportement de l’utilisateur, vous rappellent qu’au cours de vos pérégrinations sur le web, vous vous êtes intéressé à tous types de produits: de la High tech, en passant par l’équipement sportif, les voyages ou encore l’immobilier… Rassurez-vous, on vous connaît, vous et vos habitudes de consommation et même votre capacité financière… On cherchera juste à profiter de votre désespérante propension à l’achat compulsif pour mieux vous berner…
Aussi trivial que les fossoyeurs des réseaux qui se moquent des marques qu’ils « représentent », obnubilés par une commission ou une gratification, ils se vendent eux mêmes sans éthique ni raison, achetant des coeurs ou des likes sur un marché dit parallèle, pour (se) donner l’illusion de l’influence, dans l’unique but de se procurer des biens de consommation qu’ils ne montreront jamais à leur public, parce qu’il n’est pas dans la cible et serait odieusement frustré. Alors on vous vendra ce joli pull de chez Kiabi, qui permettra d’acheter un sac Vuitton, on vous vantera les mérites de Lidl pour une bague de chez Van Cleef et Arples, vous serez subjugué par les belles photos d’un voyage organisé par une compagnie Low Cost, pour une place en première avec Air France. Bref, on vous vendra du pseudo accessible avec le pire des mépris. Comme ces artistes qui célèbrent l’esprit et le mode de vie ghetto mais se comportent en empereurs chez l’ami étoilé, restaurateur du Tout-Paris qui compte vraiment il paraît. Comme ces entrepreneurs de la nuit qui vous regardent cyniquement dilapider votre paie ou l’argent de la famille dans leur dernier écrin nocturne, un espace taillé sur-mesure pour que vous en ressortiez exangue, mais tellement fier d’avoir prouvé à ce monde interlope votre capacité à dépenser sans compter, mais ne vous leurrez pas, tandis que vos fins de mois deviennent plus difficiles, eux font le plein de billets, sur vos dives bouteilles, le tapin qui vous a fait de l’oeil et même la c qui vous donne l’illusion de la puissance et de la jeunesse éternelle… C’est ça l’entrepreneuriat moderne ou antique, après tout que sais-je si ça n’a pas toujours existé…
Du vegan en passant par le boule de Kim K, de la plus belle des voix à un jeu de guerre virtuel, de ces objets qu’on appelle précieux et que l’on convoite avec plus d’envie et d’amour qu’on en accordera jamais à nos proches, pour quelle finalité ?
Illustration : David Salle, Pay Only $39.95, 2014-2015. Oil, acrylic, crayon, archival digital print and pigment transfer on linen. 84 x 96 inches.
www.davidsallestudio.net
Courtesy Skarstedt, Copyright David Salle, Licensed by VAGA
Las des gesticulations quotidiennes des médias ? Fatigués des rageux motivés par les articles putaclic des publications sans valeur ajoutée, commentateurs de tweets et spoileurs de séries télé, capables de s’ériger contre le sexisme tout en générant des revenus publicitaires grâce aux photos dénudées de starlettes en mal de célébrité ? Il y a peut être une raison à cela …. le Larousse définit la sociopathie comme un trouble de la personnalité caractérisé par le mépris des normes sociales, une difficulté à ressentir des émotions, un manque d’empathie et une grande impulsivité. On pourrait croire à une énumération des caractéristiques publiques de Donald Trump, mais malheureusement il n’est pas le seul dans ce cas, loin s’en faut…
La majorité des acteurs médiatiques excellent dans l’art de l’image et du contrôle, excités par un besoin exacerbé de surenchère et de sensationnalisme, retransmis et martelés en mondovision 24h sur 24, dotés d’armes puissantes de diffusion massive comme Twitter ou Instagram dédiés à leur propre gloire, magnifiés par des armées de conseillers et de professionnels, des logiciels de retouche, ils exercent en toute impunité, un véritable bondage émotionnel sur des êtres authentiquement naïfs, abonnés, suiveurs, fanatiques, embrigadés et endoctrinés. Ils ne sont plus lucides et ne remplissent plus aucun rôle sociétal, attribué ou confié. Ils se bornent à pousser leurs fameux cris d’orfraie: à chaque nouvelle catastrophe, affaire rocambolesque ou simple évènement du quotidien ou de la vie… mais point d’actes. Simples adeptes du commentaire et de la petite phrase, dénués de tous scrupules…
Passer au crible les déclarations publiques des « personnalités » politiques, sportifs, artistes, intellectuels, journalistes, animateurs, présentateurs, comiques, spectateurs, candidats à la célébrité virtuelle ou télévisée, permet de réaliser l’extraordinaire trou noir intellectuel dans lequel nous sommes plongés de force, la portée est éphémère, le but est navrant, monopoliser l’attention sur l’instant, véhiculer en pleine conscience la désastreuse idée que la perfection est un objectif « minimum » et accessible, ériger le premier degré en loi et pire que singulariser, condamner l’anti conformisme en le banalisant ou en amoindrissant sa finalité.
Bret Easton Ellis en visionnaire a produit avec American Psycho, une oeuvre d’une grande acuité. Hormis le passage à l’acte, Patrick Bateman est un parangon de l’époque. Much ado about nothing, beaucoup trop de bruit pour rien, seule recommandation ? Affranchissez-vous !
« Si vous ne lisez que ce que tout le monde lit, vous ne pouvez penser que ce que tout le monde pense. » Haruki Murakami
Je ne vous apprends rien, les corps sont glorifiés, exposés continuellement au regard de tous, sur la toile ou IRL (in real life), en corollaire les esprits sont de plus en plus étriqués, de courtes pensées, censeurs, incapables de discerner le premier du deuxième degré ou de forger des opinions libres. La société du spectacle de Debord est devenue une réalité à laquelle il convient de ne pas échapper sous peine d’être marginalisé. Mais rien ne nous empêche d’espérer et de travailler… Pour ce faire, et avant de contempler la nature, de ressentir le secret véritable contenu dans notre coeur, musclons notre esprit avec différentes ressources culturelles, utilisons le savoir comme outil de la Connaissance. Un livre, un penseur, une musique, un art graphique, une période historique, un film, un vêtement… Partons d’éléments simples et accessibles, mais plutôt que de les aborder superficiellement, cherchons à sortir des sentiers battus, dépasser les cadres, trouver les idées cachées, le sens profond. Emparons-nous de la création, retrouvons le contexte, le cheminement, la personnalité, le fond… Mais en guise d’échauffement et d’exemple, commençons par des citations, des extraits qui contiennent parfois toute la puissance de la pensée et de l’acte :
Alexandre Dumas : “En fumant, vous abrégez votre vie, me dit-on. Je fume depuis l’âge de dix-huit ans, j’en ai soixante-cinq, si je n’avais pas fumé, j’en aurais soixante-dix. Je serais bien avancé !”
Ghandi : « Lorsque nous critiquons, il faut le faire avec une humilité et une courtoisie qui ne laisse subsister aucune amertume ».
Joni Mitchell :
Fernand Leger : « Trois Femmes » https://www.moma.org/collection/works/79078
La régence : La Régence est une période de réaction contre le règne de Louis XIV : elle libère les idées et les mœurs, révolutionne le système de gouvernement et les finances, prend le contre-pied de la politique religieuse de Louis XIV et renverse les alliances politiques (Source : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/la_R%C3%A9gence/140529)
Nosferatu : F. W. Murnau
Le noeud papillon
(…) Il faudra attendre 1924 pour que la scission avec la famille cravate soit irréfutable. A cette date, Jesse Langdorf, cravatier new-yorkais, imagine une découpe en diagonale et une finition en 3 parties pour en améliorer la tenue : la cravate moderne est née. lenoeudpapillon.fr
Si par le plus grand de hasard, que nous offre en l’occurrence l’art de la production littéraire, nous étions amenés à présenter d’un mot notre nouveau Président de la République à quelqu’un qui serait à peine sorti du coma et qui s’interrogerait sur les choses du monde, il est probable qu’à 99% et à l’instar de l’ensemble de la caste médiatique nous utiliserions le mot « jeune ».
Emmanuel Macron a presque 40 ans. Il est paradoxalement président d’un pays qui prône la valeur au nombre des années et au parcours « universitaire ». De ce côté là pas de soucis, l’homme est bien issu du sérail. En est-il de même pour son âge, quoi qu’en atteste des artères ?
Si l’homme est bien né le 21 décembre 1977, tandis que pou ma part je suis né le 26 Janvier 1976, alors, je m’interroge : A-t-il fait ses premières armes sur la NES, sur la Sega Master System, vidéopac, vectrex, super nes, megadrive ? Etait-il plutôt Pearl Jam, Nirvana, Guns, Metallica, Noir Désir, Joy Division, Cure, Beastie Boys, NTM ? A-t-il déjà planqué un Lui dans un journal l’équipe ? Etait-il devant son écran de télévision, le jour de la projection de la créature du lac noir en 3d dans la dernière séance ? Vécu la naissance et la mort de la 5 ? Lu Mad Movies, Strange, Spidey ? Suivi le top 50 ? Eu un yoyo ? Joué au Simon et au docteur Maboul ? Lu la bibliothèque rose et verte ? A-t-il fait un caprice pour avoir un Optimus Prime, un Dark Vador de chez Hasbro ? Est-ce qu’il connait par coeur, encore aujourd’hui le générique d’Ulysse 31 ou de de l’inspecteur gadget ? Porté fièrement des t-shirts Waikiki et un K-Way, si vraiment on a le même âge, alors on devrait nécessairement avoir des points communs ? Pif Gadget, les crados, Intervilles, Coluche, Les nuls, les inconnus, la bruelmania, 4 garçons plein d’avenir, la haine ? Est-ce qu’il associe Jump de Van Halen ou Go West des Petits Shop Boys à deux clubs de foot antagonistes ? Flipper, arcade, Jordan, Pump, Chevaliers du Zodiaque, Samantha Fox, crados, chevignon, act up, fusée challenger, Rambo, T2, Public Enemy, Stephen King, ça lui dit quelque chose ? Sommes nous vraiment issus de la même culture ? Je ne me reconnais que très partiellement dans les références Macronienne, mais il m’est plus aisé de m’approprier ses références que lui les miennes, surtout en vieillissant. Sub culture, pop culture, underground, il avait des copains punks ou gothiques ? Faisait-il des soufflettes et des aquariums dans des 205 GTI ? Considère-t-il Trainspotting ou Fight Club comme des chefs d’oeuvre ? On pourrait dérouler la pelote pendant des heures … Tout ça pour contrebalancer les fameuses et sempiternelles conneries de nos médias. Jeune dans le corps évidemment mais à quelle génération appartient-il, s’il n’a jamais été présent dans l’époque, si ses références, ses codes, ses appétences, viennent du passé ? Sommes-nous vraiment du même temps ? Manu, tu me prête ta Game Boy ?
Dansant et mélancolique. Simple et complexe. Aérien et métronomique. 3 amis unis par le désir de jouer une pop-music qui se nourrit des ces contrastes. KId North enchante la rédaction de JetSociety depuis Rip Tide, 1er single issu de l’album New Waters. Pour notre plus grand plaisir,Gregory Hoepffner : Drums / Vocals / Keys et Gary Royant : Guitar / Vocals / Keys se sont prêtés au jeu de l’interview.
Vessels ont remixé votre titre Future Ghosts et vous mêmes avez remixé Galaxie d’Aglaska, ça fait partie du processus créatif aujourd’hui de passer par cette étape ?
Greg : Cela nous semblait logique de s’y essayer, étant donné que cet album explore davantage nos influences électroniques. C’est un exercice que Gary et moi avons déjà fait en solo depuis plusieurs années, et on avait envie de l’essayer en tant que groupe. Et en tant que groupe remixé, c’est hyper agréable de se faire surprendre par son propre morceau, qu’on connait normalement par coeur. Un peu comme si tu rentrais chez toi un soir et qu’on avait changé tous les meubles et repeint tous les murs de ton appartement ! Au début tu ne comprends rien, mais si c’est fait avec goût, c’est génial.
Gary : C’est vrai que le remix est un exercice assez amusant. On te donnes un paquet, tu choisis ce qui te plait le plus et tu l’utilises pour en faire ce que tu veux. Si tout était comme ça dans la vie, on aurait jamais de cheveux blancs!
En août vous serez en Allemagne au Summer Sounds Festival où vous êtes qualifiés de Elektropop aus Paris, vous préférez qu’on vous découvre sur scène, à travers vos vidéos sur youtube ou sur disques ?
Greg : Si le lieu sonne bien, je dirais sur scène ! C’est parfois dur de retranscrire la vraie énergie du groupe sur album, et c’est même parfois pas le but. Sur scène au moins, on peut voir les danses incroyables d’Axel, se prendre la mega fuzz de Gary en pleine tronche et me voir détruire une batterie en direct.
En parlant de scène pouvez-vous nous raconter une anecdote (bonne ou drôle) de tournée ?
Greg : Et bien je vais faire une transition avec ma dernière phrase : durant un concert en Allemagne (à Kassel), où le public était particulièrement chaud et nous aussi, j’ai tellement frappé mes cymbales que l’une d’entre elle a carrément “sauté” de son pied sur la fin du dernier morceau (je ne m’explique toujours pas pourquoi), pour venir s’écraser par terre. C’était totalement improbable !
Certains d’entre vous oeuvrent également en solo, je pense à Greg avec Almeeva, ça permet de se ressourcer pour repartir de plus belle avec Kid North ?
Greg : Je ne dirais pas que c’est pour se ressourcer, car on peut chacun écrire en solo et pour Kid North au même moment. C’est plus une question de choix et de timing. On enregistre tous beaucoup de musique très différente (qui n’est d’ailleurs pas seulement destinée à des groupes ou des projets solo), et on peut donc choisir quel sera le projet qui portera telle chanson. Cela arrive d’ailleurs parfois que ça change en cours de route. Personnellement j’adore pouvoir enregistrer des tonnes de choses tout seul chez moi, mais se retrouver tous les 3 dans la même pièce pour jouer ensemble, c’est un truc dont j’ai besoin assez régulièrement. C’est peut-être parfois moins productif, mais c’est souvent beaucoup plus fun. Là où toute la musique fait en solo est juste une recherche et une expérience musicale, jouer dans un groupe c’est une expérience humaine, ce qui apporte d’autres idées et d’autres approches qu’on ne peut pas avoir tout seul.
Gary : C’est un vrai épanouissement d’avoir les deux. On a de la chance de pouvoir faire de la musique tous les trois, et on est toujours surpris de voir ce qu’on peut créer avec nos 6 bras et nos 3 cerveaux. Ce n’est même pas un mélange des musiques que l’on fait chacun à côté, c’est une entité à part entière. Et c’est ce qui nous permet de pouvoir continuer à faire de la musique chacun de notre côté, il y a une vraie frontière naturelle.
Avez-vous un titre, un film ou un livre fétiche au point de ne jamais vous en séparer ?
Greg : “La Science des Rêves” de Michel Gondry. Je viens de revoir pour la 60ème fois environ hier haha
Gary : “L’aventure c’est l’aventure” de Claude Lelouch à l’infini. D’ailleurs ça fait plus d’un an et ça ne va pas du tout!
« Si les salariés se ‘révoltaient’, le choc inflationniste, et donc de taux d’intérêt, qui en résulterait aurait des effets très négatifs sur les détenteurs d’obligations, sur les États et les entreprises ». Car une telle révolte occasionnerait selon Patrick Artus, auteur de l’étude et directeur de la recherche et des études de Natixis: « une hausse rapide des salaires » qui « conduirait à de graves déséquilibres financiers ». À savoir donc, « une chute des marchés et une hausse des taux d’intérêt et de l’inflation ». Certes les ménages en « bénéficieraient », mais pas les actionnaires, les finances publiques et les grands groupes. Source : www.challenges.fr
Ayant à coeur de satisfaire au mieux les actionnaires, les finances publiques et les grands groupes, je vais exercer mon droit de réserve, qui ne coute heureusement rien à personne. Juste pour info, la fin du monde est prévue pour quand ?
Le Rap, la musique préférée des français est un livre publié aux éditions Don Quichotte, de Laurent Bouneau. Fif Tobossi, Tonie Behar. Merci à Fif pour cette interview riche et pleine de sens.
FIF, TOUT EST DIT DANS LE TITRE DU LIVRE OU EST-CE UNE REVENDICATION ?
C’est à la fois un constat et une revendication. Le rap est le vilain petit canard du système et en même temps la musique qui cartonne le plus. Pour autant, les choses changent, les jeunes générations s’installent aux plus hautes fonctions dans les médias, la finance etc. ce sont des personnes qui ont grandi et écouté du Rap. Le street art envahit les musées et les collections privées. Les « rockers » hors d’âge sont petit à petit poussés vers la sortie. Insidieusement aujourd’hui, on trouve partout les codes du Rap, c’est un langage commun et pratiqué pratiquement par tous, à part quelques irréductibles réfractaires !
EST-CE QUE LA RAP EST RÉELLEMENT IMPLANTÉ DANS LES MŒURS OU EST-CE TOUJOURS SUBVERSIF ?
Le rap a l’état brut reste toujours l’apanage des puristes, mais si on prend historiquement des artistes comme MC Solaar, Doc Gyneco, I am, NTM, Maitre Gims, Grand corps malade, Stromae, d’une façon ou d’une autre, ils ont été ou sont en haut de l’affiche ! A tort on les déconnecte du rap alors qu’ils sont en réalité en plein dedans. Malheureusement de nombreux médias agitent encore le Rap pour faire peur, pointent du doigt sa frange « violente », génèrent des clivages inutiles. Ils recherchent uniquement le côté subversif et sensationnel, sans s’attacher à l’histoire, aux racines, à la réalité du Rap qui ne se limite pas aux frasques de quelques uns. Laurent (Laurent Bouneau co auteur et directeur général des programmes de Skyrock), à su populariser le rap et toucher tout le monde. Il a encré le rap dans le paysage musical français et notre livre est une sorte de pierre angulaire pour toutes celles et ceux qui voudraient par la suite rendre hommage, au style de musique, mais également a ses représentants, à sa culture. Il y a énormément à raconter sur le Rap français sur le fond et sur la forme. Bobba par exemple est à la fois auteur, compositeur, interprète, il a sa marque de vêtements, c’est un personnage complexe qui mérite d’être étudié au delà des mots crus de ses textes.
NOTRE CONVERSATION AVEC FIF SORT DU CADRE DE L’ITV CLASSIQUE ON ÉVOQUE À DEMI MOT UNE RÉALITÉ : LE RAP EST REJETÉ PAR L’INTELLIGENTSIA À CAUSE PEUT ÊTRE DE SES ORIGINES BANLIEUSARDES POUR NE PAS DIRE PLUS, MAIS EN MÊME TEMPS, ELLE EST LA SEULE MUSIQUE ÉMERGENTE IDENTITAIRE DANS UN PAYS OU DOMINAIT LA VARIÉTÉ.
Des années 50 « opérettes », aux chanteurs engagés et réalistes, les français ont découvert le rock des Beatles et des Stones et les artistes les ont imités dans les codes, l’attitude, les pseudos… Le rap s’est forgé ses propres racines avec un métissage certes culturellement lié aux Etats-Unis mère patrie du style mais en y intégrant ses diversités culturelles fruit du mélange ordinairement reproché à la banlieue. Les enfants des Zemmour, Naulleau, Sarko ont fatalement écouté du rap ou même sont carrément dans l’univers … et pourtant le regard des géniteurs sur cette musique demeure parfois étrangement sans concession…
QUEL EST VOTRE BUT À TRAVERS CE LIVRE ?
Le livre est une montée au créneau, quitte à essuyer les critiques (ndlr je vous laisse suivre l’actualité des clash sur d’autres sites !). Donner envie de faire des livres. Dégoupiller l’hermétisme des carcans bien pensant et petit bourgeois qui refusent l’accès aux grandes tables d’expressions et de débats à la culture Rap. A la fnac par exemple le rayon rap français est minuscule. Il y a matière à travailler et à l’étoffer. Les sujets sont nombreux : Le secteur A, la Mafia k1 frey, par exemple, c’est à la fois de la musique mais c’est aussi des success story dans les affaires, des personnages riches et étonnants comme le décrit si bien Laurent dans notre livre !
LES DIFFICULTÉS POUR PARLER DU RAP À LA TÉLÉVISION
Toujours dans la polémique, jamais positif ? Olivier Cachin seul représentant « officiel » des médias parfois chahuté. Pourquoi pas un Bernard Pivot « street » : Les émissions culturelles télévisées intéressent qui et à quelle heure ? Imaginons une émission littéraire ou culturelle réellement ouverte à la culture des 25 – 45 ans et qui passerait ne passerait pas sur canal ou les chaines du câble mais accessible à tous… prochaine étape ?
-NDLR : Le livre est le produit de la radio et d’internet, aurait-il pu en être autrement (télévision et presse écrite)… La question reste ouverte mais j’ai ma réponse !-
Le rap n’est pas une sous culture ! Mais pour l’affirmer il faut des références, des pros, des spécialistes, des émissions, on va faire un dossier sur les featuring improbables par exemple, vous serez surpris de voir comment le rap est présent partout même dans la variété… alors occupons la place qui nous revient et accordons à cette musique la place qu’elle mérite, au sommet de la pyramide ! Après, il faut aussi savoir prendre des risques, mettre la musique partout… prenons le cinéma, le rap dans la majorité des films français illustre des scènes de violence ou de banlieue… mais cela change, petit à petit, il y a quand même des victoires. Des gens comme Omar Sy, Thomas Thouroude, Mouloud etc. viennent de cet univers au sens large… on entend quelques génériques dans les émissions de foot ou le rap est très présent et amènent au style une certaine légitimité populaire. Mais le chemin est encore long !
UN DISQUE À ÉCOUTER POUR CELUI OU CELLE QUI EST TOTALEMENT RÉFRACTAIRE AU RAP : C’est vraiment très dur !!!!
– L’école du micro d’argent d’I am
– Hexagone 2001… rien n’a changé, collectif de rappeurs qui reprennent du Renaud, la preuve que l’ouverture est de plus en plus importante, la réunion entre la France et sa musique n’est pas loin, accepter cette réalité, c’est presque politique !
– Tellement qui mériterait d’aller dans leurs oreilles …
L’AVENIR ?
Il faut plus de projets consacrés au Rap, montrer qu’on est là, aux Etats-Unis des textes de krs-one et Tupac sont étudiés à l’université, n’oublions pas que le rap ne se limite pas à quelques artistes subversifs qui provoquent les mêmes courroux que le rock en son temps, scandaliser à toujours fait parti du jeu, en revanche aujourd’hui personne ne conteste aux Bowie, Stones, Beatles, leur génie et de nombreux français ont écrit des livres ou réalisé des reportages sur ces artistes … Les rappeurs français méritent autant de considération surtout au regard du talent… et des ventes, rappelez moi d’où viennent Stromae, Orelsan, Doc Gyneco ? Le phénomène prend de l’ampleur. Notre livre est un message aux futurs générations qui peut être s’en inspireront ou iront chercher des références pour des mémoires, des travaux dans les écoles d’art, de communication et pourquoi pas de commerce…
Après tout pourquoi pas : Le Rap est la musique préférée des français !
En 1996, Skyrock a basculé dans le rap et le R n B, devenant la première radio nationale spécialisée dans la culture urbaine. Voilà dix-sept ans que, avec toute l équipe de Skyrock, nous nous battons pour populariser cette culture et faire découvrir les artistes qui la font vivre. Dix-sept ans ! Quand je pense au nombre de projets, d émissions, de concerts, de rencontres… j ai le vertige ! De IAM à Doc Gynéco, de NTM à Sexion d Assaut, sans oublier Diam’s, Rohff, Booba, La Fouine, Orelsan, Soprano et tant d’autres, ils sont tous passés sur Skyrock et j ai vécu des histoires extraordinaires avec chacun d entre eux…
Au fur et à mesure de l’échange on se prend à réver, à une certaine éducation des esprits reveches, aux origines des samples et de la musique, au sens des paroles, à l’incroyable vecteur qu’est le rap pour fédérer et transporter les âmes des recoins les plus sombres aux plus éthérés.
Un livre hautement recommandé, pas uniquement aux amateurs de rap, à celles et ceux qui croient encore que c’est juste du bruit et des borborygmes, produit d’une sous culture et qui finiront si ce n’est par changer d’avis, au moins de céder la place à d’autres, capables de réunir et d’apprécier la diversité des courants stylistiques nécessaires pour que socialement chacun soit reconnu à sa juste valeur. Quelque soit son origine, sa religion, sa couleur dont nous n’avons fondamentalement pas à nous préoccuper pour harmonieusement vivre et grandir ensemble.
Dix-sept ans plus tard, la culture urbaine a emporté la partie. Ses influences, références, codes, rythmes, sons et attitudes ont infiltré toutes les couches de la société. Le rap s’invite chez les bobos, dans les cités, les médias, au cinéma, dans la rue et les défilés des grands couturiers, dans l’art contemporain et la déco. Il est dans le générique d’une émission, dans la bande-son d’un film, dans les fêtes du samedi soir et dans les stades de foot. Il est dans la gestuelle, le langage. Ce n’est pas une provocation mais un constat : le rap est aujourd’hui la musique préférée des Français !
Laurent Bouneau, directeur général des programmes de Skyrock, est l’homme qui a popularisé le rap et les rappeurs en France. Fif Tobossi, fondateur de Booska-P, le site n° 1 sur le rap en Europe, est un amoureux et un fin connaisseur du rap français. Ils ont tous deux été des témoins de cette success story, dont ils ont eux-mêmes écrit quelques pages. Avec l’auteure Tonie Behar, ils livrent ici une histoire subjective du rap français, truffée d’artistes et d’anecdotes insolites. Aux éditions Don Quichotte
Anna Polina est une iconique Porno Lady, actrice, réalisatrice … Mais la Dorcel Girl est aussi drôle, pertinente, extrêmement sensuelle et punk. Anna entre dans la pièce et tous les sens se mettent en éveil ! Après notre conversation, je peux définitivement vous confirmer que l’adage « don’t judge a book by its cover » est une évidente réalité. Avec en prime le test de l’expérience de Réalité Virtuelle 360°3D par Marc Dorcel.
Il fallait bien trouver une première question pour se mettre dans l’ambiance, alors on a parlé musique : Anna, la musique fait partie intégrante de votre vie, pouvez-vous nous en dire plus ?
La musique est indispensable ! Pour tout, que ce soit dans les bons ou les mauvais moments, la musique permet d’exorciser certaines émotions, la musique c’est primordial, en revanche même si j’ai un milliard de projets, si je fais de la musique, le public aura le droit de m’insulter sur les réseaux sociaux ! J’ai trop de respect pour les rappeurs, les musiciens, les DJ, pour supporter l’arnaque musicale ! La dessus, je suis intransigeante, mais participer à des vidéos c’est pour moi logique, Seth Gueko par exemple aimait bien mes films et moi son rap, c’était une collaboration amicale. Aufgang pour le clip « Summer » c’était une occasion de participer à un super concept et de changer d’univers…
Une pépite ou un coup de coeur à partager ?
Seth Gueko « Professeur Punchline » !
Anna vous êtes également férue de littérature, Virginie Despentes fait partie notamment de vos références quelle est votre livre de chevet actuellement :
Eva de Simon Liberati. Mais des auteurs comme Virginie Despentes me touchent énormément car je suis une grande punk. Dans ma vie je n’ai jamais fait de concessions, J’ai toujours fait ce que je voulais, quand je voulais, je tiens à la liberté que je m’accorde, choisir son métier, choisir ses amis, l’endroit où l’on vit et je suis intransigeante la dessus !
Puisque vous êtes Punk, que faites vous pour lutter contre le conformisme ?
Même si je tiens à mon confort, pour moi être punk c’est un mode de pensée: accepter la plus totale des libertés. Ma première façon de lutter contre ce conformisme a été de faire du X, de l’assumer, de continuer à en faire et de rester dans cet univers que j’ai envie de défendre, d’autant plus que je suis également libre sexuellement dans ma vie privée.
En terme de plaisirs hédonistes, peut-être au dessus de la luxure, il y a la gourmandise… alors êtes vous gourmande ?
(Rires) Je suis le stéréotype de la fille de l’Est, j’aime les truc salés… j’adore le caviar et le hareng ! sinon je suis fan de la soupe de goulash mais c’est beaucoup moins glamour, un genre de pot-au-feu mais version hongroise. Je ne vais pas parler de Chantilly et de fraises …
Pour prendre soin de votre corps, vous faites du cross-fit ?
C’est plutôt de la torture que du sport ! Je ne suis pas une grande sportive mais j’aime beaucoup la danse, je fais des shows en discothèques, en revanche je n’aime pas courir, la salle de sport m’ennuie très vite et je passe plus de temps à regarder les gens ou à discuter qu’à faire du sport mais récemment j’ai un ami qui m’a proposé d’essayer le cross fit j’avais l’impression d’entrer dans une secte tellement les gens qui en font sont addicts, mais je comprends ! c’est hyper diversifié, beaucoup de mouvements différents, du cardio, haltérophilie, gymnastique, c’est aussi intéressant pour le corps que l’esprit et surtout c’est un vrai challenge, pour une fois que je suis la plus nulle du cours, une vraie mise en danger.
Pour celles et ceux qui vous découvrent, je l’espère avec plaisir, grâce à ce portrait quel serait le film que vous pourriez leur conseiller pour une première fois ?
En ce qui concerne les films ce serait la journaliste, mais plus globalement tous les films que j’ai tournée en 2015. Je me suis libérée de beaucoup de complexes. J’ai appris à travailler avec de nombreux réalisateurs. J’ai une meilleure technique mais j’arrive surtout à prendre du plaisir et du coup je pense procurer une certaine émotion pornographique. Donc principalement les dernières productions plutôt que les anciennes.
La réalisation ?
J’ai eu l’occasion de réaliser un film à petit budget mais j’aimerai en faire d’autres avec de plus gros budgets. Il faudrait que j’ai le temps d’écrire quelque chose de bien, pas de trop parlant parce que ce n’est pas le but dans le X, sans verser non plus dans le porno féministe, mais qui pourrait plaire à un large public, à des jeunes femmes de 20 ans, jeunes couples, j’aimerai aussi réaliser des courts, des moyens, des longs…
Que pensez-vous des scènes de sexe non simulée dans le cinéma traditionnel et par exemple du battage autour de fifty shade of grey alors que les acteurs étaient doublés ?
Je trouve qu’on a fait énormément de bruit autour de 50 nuances de Grey. Je suis allée voir le film par acquit de conscience. J’ai lu le 1er tome également (moins douloureux à lire qu’à regarder d’ailleurs), c’est clairement l’un des pires films de toute ma vie ! pourtant je suis fan de la série gossip girl et j’ai grandi avec Dawson, je peux vraiment être bon public… mais dans 50 nuances, il n’y a pas de sexe ! Pas d’enjeu, je trouve ça très gentillet, quand on pense aux Valseuses où il y avait vraiment quelque chose, aujourd’hui on nous vend du SM presque »Disney » ! alors que des réalisateurs comme Gaspar Noé par exemple avec Love sont capables de proposer du vrai contenu, mais c’est dans le milieu Underground et toujours trop loin du grand public.
En ce qui concerne la mode avez vous des préférences ?
Je ne porte quasiment que du noir, je déteste la couleur, c’est la raison pour laquelle je me suis teinte en blonde, pour faire ressortir le noir, je suis de plus en plus intéressée – pas forcément par la mode – mais par le vêtement. J’aime quand c’est bien taillé, comme The Kooples, j’aimais Balmain jusqu’à sa collaboration avec H&M. Maje, Sandro, dans toutes ces boutiques on peut trouver des trucs sympa. American Apparel pour les leggings, ça passe toujours !
D’ailleurs leurs publicités sont toujours très explicites et stylisées ! j’imagine que Terry Richardson, le Street-Art par exemple, ce sont des mouvements artistiques que vous appréciez ?
J’adore Terry Richardson, je trouve qu’il y a beaucoup de polémiques autour du personnage mais à côté de ça il est extrêmement talentueux, sa dernière séance avec Miley Cyrus est excellente voilà typiquement une personne a qui on a collé une étiquette et qui évolue en pleine liberté, elle renvoie une super image !
Qu’est-ce qui vous fait complètement décoller ?
Le caviar, le hareng (rires) certains garçons et certaines musiques.
C’est quoi pour vous le summum du luxe ?
C’est d’avoir beaucoup de second degré, d’autodérision, de recul sur la vie, d’avoir une sorte de mélange de dignité et d’autodérision et c’est valable quelque soit sont statut social !
Quelle est la cause que vous défendez plus particulièrement ?
Les travailleuses du sexe. Les strip-teaseuses. Les filles qui posent nues. Les actrices X. J’ai conçu ma vie de femme dans cet environnement là et je considère qu’il est anormal qu’une pratique faite entre personnes consentantes soit aussi mal considérée, qu’il y ait aussi peu de respect pour celles qui font ces métiers, qui existent depuis toujours. Quant on pense à celles qui aident les personnes souffrant d’un handicap par exemple, leur sexualité est malheureusement un tabou… D’autre part, si on regarde les Etats-Unis, la grande différence, c’est la mentalité, peu importe le domaine de réussite, cela provoque le respect. C’est la raison pour laquelle on peut voir des actrices X dans des séries télévisées ou des films mainstream, comme par exemple Game of thrones avec Shae (Sibel Kekilli) qui a eu un rôle très important. Au départ elle faisait du X allemand et a pu faire un film d’auteur et cette série, ou Sasha Grey dans The Girlfriend Experience de Sodebergh. Lorsqu’elles ont des compagnons célèbres, ils sont capables d’aller ensemble sans peur du jugement aux AVN Awards. Là-bas le X est une industrie à part égal des autres.
Est-ce que l’art tourne en rond, ou est-ce qu’il y a encore des champs à explorer ?
Aujourd’hui, si je prends ma génération, les 25 – 30 ans, nous avons des possibilités infinies de création. De projets réalisables et la capacité de les partager. Il faut avoir l’envie et se donner les moyens de les accomplir, grâce aux Internets, Youtube, Soundcloud etc. même les livres peuvent se diffuser en ligne et sans beaucoup de frais, il y a encore énormément de champs à explorer.
Dans le domaine du porno, il y a une certaine nostalgie du X des 70’s, le côté vintage, « classieux », est-ce abandonné ?
Je vous recommande Prison de chez Dorcel, il y a une esthétique très présente. Une mise en condition. Un vrai travail sur les lumières, le scénario. On est dans du pornart, du porno chic. Il ya quelques productions qui font encore ce genre de contenus, mais c’est une minorité, à part Marc Dorcel en Europe, il n’y a pas grand chose. Il ne faut pas oublier que les budgets sont très importants et que la qualité à un prix !
De fait, les besoins de votre industrie pour proposer des films toujours plus ambitieux passe par le payant plutôt que le tout gratuit ?
J’achète la musique sur Itunes et j’aimerai bien que mes fans aillent sur les sites légaux pour voir ou télécharger mes films. Il y a bien sur le site Dorcel.com, mais également de nombreuses plateformes sécurisées qui permettent d’acquérir les films sans pénaliser les actrices, les réalisateurs, les producteurs. En fait, la plupart des maisons de production ont des sites très bien fait et la qualité est réellement au rendez-vous ! Alors, faîtes-moi plaisir…
Un grand merci à Anna, Camille et Marie Laurence pour cette charmante rencontre.
A suivre: le Test de l’expérience de Réalité Virtuelle 360°3D par Marc Dorcel avec Anna Polina
Tout homme n’aperçoit qu’une parcelle infime de la Vérité, et bien souvent, sinon perpétuellement, il se leurre à dessein sur la nature de ce précieux fragment qu’il détient. Une part de lui-même se retourne contre lui et agit comme un autre sujet. Ainsi l’homme se défait-il de l’intérieur. Un homme à l’intérieur d’un homme, ce qui ne fait point d’homme.
Jerry Fabin est drogué, il croit que son corps est recouvert de parasites. Il imagine qu’il vit en enfer. Jim Barris, petit génie de la chimie, est capable de produire un gramme de cocaïne pour moins d’un dollar. Fred travaille pour la brigade des stups, le corps dissimulé sous un « complet brouillé » jusqu’au jour où il comprend qu’il est son propre suspect. Ces trois-là et bien d’autres freaks vivent dans un monde où règne la Substance Mort, une drogue qui détruit l’identité…
Oeuvre majeure de Philip K. Dick, à l’instar d’Ubik, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? ou le Maitre du Haut Château, Substance mort est accessoirement le roman préféré d’Axl Rose, ce qui tend à prouver que le leader des Guns n’ Roses est un homme de goût ! A lire et à voir mais surtout à comprendre, à méditer, à (re)découvrir sans hésiter.